Notre facture de gaz va-t-elle à nouveau flamber ? La question se pose avec l'offensive russe menée par Vladimir Poutine en Ukraine. Une grande partie du gaz qui chauffe les Européens vient de Russie. Berlin a annoncé la suspension de la mise en service de l'énorme gazoduc Northstream 2 qui relie la Russie à l'Allemagne, assumant une éventuelle flambée des prix. Alors faut-il s'attendre à une pénurie de gaz en France ?
L'Europe inévitablement impactée
À moyen terme, il n'y aura pas de pénurie de gaz en France, d'abord parce que nous avons des stocks stratégiques, à savoir suffisamment pour 90 jours. C'est ce qu'a assuré la ministre de la Transition écologique Barbara Pompili mercredi à l'Assemblée nationale. Deuxièmement, nous avons trois points d'entrée sur nos côtes pour importer du gaz liquéfié de Norvège – notre premier fournisseur – d'Algérie ou même des États-Unis.
Mais c'est au niveau de l'Europe qu'il faut s'inquiéter. Car si le gaz russe ne représente que 17% de nos importations en France, en Allemagne, c'est 50%, voire 60%. Et il n'y a pas d'alternatives, comme l'explique le spécialiste de l'énergie Pierre Terzian. "Les volumes de gaz exportés par la Russie vers l'Ukraine sont absolument énormes. On parle de 150 à 160 milliards de mètres cubes par an. Donc il faudrait des années et peut-être plusieurs décennies pour développer des réserves dans d'autres pays et les faire venir en Europe", assure-t-il.
Il faut donc s'attendre à une flambée des prix. Les experts sont en effet unanimes : c'est inévitable. Les prix ont déjà commencé à s'emballer. En France, certains consommateurs sont protégés par le bouclier tarifaire mis en place par le gouvernement. Mais les entreprises, elles, pourraient se prendre cette hausse de plein fouet. Ce qui impacterait aussitôt leur compétitivité.