Dimanche, le couperet tombera. Un sommet européen extraordinaire examinera les propositions grecques, finalement arrivées sur le bureau des créanciers jeudi soir. À la clef, une ouverture de nouvelles négociations pour accéder à un troisième plan d'aide ou une grave crise qui pourrait provoquer la sortie de la Grèce de la zone euro. Les bourses de la zone euro ont bien réagi vendredi en ouvrant et en terminant sur une forte hausse.
Les principales informations à retenir :
• Athènes a envoyé jeudi soir à l'Eurogroupe sa liste de propositions.
• Ces propositions devaient être votées vendredi par le parlement grec.
• Un Eurogroupe samedi, puis, un sommet européen extraordinaire dimanche décideront de l'ouverture ou non de nouvelles négociations.
Athènes accepte les exigences des créanciers. TVA, retraites... dans les réformes envisagées par l'Etat hellène, beaucoup avaient déjà été proposées par les créanciers mais avaient été rejetées par les négociateurs d'Athènes. Finalement et malgré le "non" majoritaire des Grecs au référendum dimanche dernier, Alexis Tsipras reprend beaucoup d'exigences attendues par la BCE, le FMI et les membres de la zone euro.
- Les avantages fiscaux des îles supprimés. Athènes propose d'abord de s'attaquer au tourisme, véritable poumon économique du pays, avec la suppression des avantages fiscaux pour ses îles d'ici fin 2016.
- Relever la TVA. Le gouvernement prévoit aussi de relever la TVA sur la restauration à 23% - soit une hausse de 10 points - et de 13% sur l'hôtellerie.
- Réformer les retraites. Le fameux complément retraite pour les plus modestes (l'ekas), qu'Athènes a défendu bec et ongles ces dernières semaines, sera finalement supprimé par étapes.
- Privatiser. Un calendrier ferme pour les privatisations va être mis en place.
- Réduire le Budget de la Défense. Athènes prévoit enfin de réduire les dépenses en matière de Défense d'un montant de 300 millions d'euros d'ici la fin 2016.
- Solliciter les plus riches. Syriza veut aussi faire payer les plus riches avec une hausse de la TVA sur les produits de luxe. L'impôt sur les sociétés ainsi que celui sur les armateurs vont aussi être augmentés.
Que veut Athènes en retour ? En échange, Athènes veut que ses créanciers revoient ses objectifs concernant son excédent primaire pour les quatre prochaines années et veut aussi un financement de 53,5 milliards d'euros pour couvrir les obligations liées à ses remboursements de prêts jusqu'à la fin juin 2018. La question de la restructuration de la dette, évoquée mercredi par la présidente du FMI Christine Lagarde, est aussi abordée. La Grèce demande en effet un "reprofilage" de sa dette à long terme.
"Sérieux et crédible" pour la France. La France a réagi dès vendredi matin aux propositions grecques. Membre de la zone euro le plus conciliant jusqu'à aujourd'hui, l'Hexagone continue à faire le choix du positivisme. Pour François Hollande, la feuille de route proposé par Athènes est un "programme sérieux et crédible". Il a aussi appelé à la reprise du dialogue mais "avec une volonté de conclure".
Un vote à la Vouli et une réponse dès samedi ? Du côté d'Athènes, la Vouli, le parlement grec, devait voter vendredi le package envoyé par le gouvernement Syriza aux créanciers. Ces propositions devaient aussi être évaluées vendredi par la Commission européenne, par la Banque centrale européenne (BCE) et par le FMI.
Puis, le plan grec sera analysé par l'Eurogroupe des ministres des Finances samedi à partir de 13 heures. C'est lors de cette réunion que l'ouverture à de nouvelles négociations sera proposée ou rejetée comme l'a précisé Jeroen Dijsselbloem, président de l'Eurogroupe pour qui "une décision majeure" pourrait être alors prise. Selon un haut-fonctionnaire européen, le sommet européen extraordinaire prévue dimanche ne serait peut-être même pas nécessaire si l'Eurogroupe reçoit favorablement le programme grec.
Si une réouverture des négociations est décidé, la Vouli se réunira à nouveau la semaine prochaine pour transformer les propositions en loi. Si le sommet européen rejette les réformes grecques, Athènes, qui a instauré un contrôle des capitaux il y a deux semaines, sera confronté à une pénurie de liquidités et devra sans doute envisager sa sortie de l'euro.
Les Bourses optimistes. Après la frayeur de lundi suite au "non" des Grecs aux plan proposé par les créanciers, les Bourses se rassurent ce vendredi. Avec la remise des propositions par le gouvernement grec, l'optimisme est de retour. Paris s'adjugeait ainsi à l'ouverture 2,24%, Francfort 2,21% et Milan 1,32%. L'euro avançait vendredi face au dollar, profitant d'un accès d'optimisme des cambistes sur l'éventualité d'un accord entre la Grèce et ses créanciers, en premier lieu européens, après de nouvelles propositions d'Athènes.
Les anti-austérité dans la rue. Les partisans de Syriza ayant voté "non" au référendum semblent douchés par les propositions envoyées aux créanciers. Entre 7 et 8.000 personnes ont ainsi manifesté selon la police vendredi dans le centre d'Athènes pour demander que le Premier ministre grec Alexis Tsipras respecte leur vote "non" au référendum en plein débat au Parlement sur les propositions soumises aux créanciers.