Le gouverneur de la Banque de France a jugé mardi "pas réaliste" l'objectif d'un retour du déficit public sous 3% du produit intérieur brut (PIB) en 2027 affiché par le gouvernement sortant, et appelé à "se fixer un cap de cinq ans".
"Parler avec vérité"
"En trois ans, d'ici 2027, ce ne serait pas réaliste et cela mettrait un coup d'arrêt à la croissance. Mieux vaut se fixer un cap de cinq ans, qui reste compatible avec les règles européennes. Il est temps de parler avec vérité, puis de tenir nos engagements avec crédibilité", a affirmé François Villeroy de Galhau, dans une interview au Parisien.
Ce dernier a également suggéré "un effort exceptionnel et raisonnable sur certaines grandes entreprises et gros contribuables" afin de réduire les déficits, "tant qu'on n'est pas revenu sous 3%" de déficit public.
"Il faudra (...) lever le tabou sur les hausses d'impôts, sans toucher si possible les classes moyennes ni les PME", a affirmé François Villeroy de Galhau, jugeant aussi que "la France n'a plus les moyens" des baisses d'impôts "non financées" mises en place après l'arrivée à l'Elysée d'Emmanuel Macron.
Des retombées positives des Jeux olympiques et paralympiques
En 2024, le PIB serait tiré par le commerce extérieur, tandis que la consommation des ménages, pilier traditionnel de la croissance française, resterait atone, encore pénalisée par la forte inflation passée et un taux d'épargne demeurant élevé.
Il devrait aussi bénéficier, mécaniquement, de la révision à la hausse des chiffres de 2023 et début 2024 effectuée par l'Institut national de la statistique (Insee). Ce dernier table également sur une croissance de 1,1% en 2024, légèrement supérieure à la prévision du gouvernement sortant (1%).
Si le troisième trimestre devrait profiter des retombées positives des Jeux olympiques et paralympiques, un "contrecoup" est attendu sur les trois derniers mois de l'année, selon la Banque de France. Le chef de son service de prévision, Matthieu Lemoine, a estimé lors d'une conférence de presse que la croissance pourrait alors être "proche de zéro".
En 2025, à la faveur du reflux de l'inflation qui redonne du pouvoir d'achat aux ménages et d'une hausse des salaires réels, la consommation devrait prendre le relais du commerce extérieur comme principal moteur de la croissance.