Une augmentation supplémentaire pour les lecteurs. À partir de ce samedi, les frais de port pour l'achat en ligne d'un livre neuf augmenteront de 3 euros, pour toutes les commandes inférieures à 35 euros. Par cette loi, le gouvernement vise les plateformes de vente par internet, comme Amazon, qui pèsent plus de 10% du marché français. Mais l'entreprise américaine conteste la mesure, qui augmenterait le prix d'un livre de poche de 40% et ne ramènerait pas, selon elle, les Français vers les librairies. Ces dernières, de leur côté, se réjouissent d'un juste retour des choses.
Amazon a déposé un recours
"La particularité d'Amazon, par rapport aux libraires, c'est que la firme peut choisir de perdre de l'argent lorsqu'elle fait de la livraison à un centime d'euro", explique Guillaume Husson, délégué général du Syndicat de la Librairie française. "Elle va pouvoir compenser ses pertes sur la vente d'autres produits, alors que le libraire ne va pas pouvoir se rattraper." En 2020, la vente de livres a représenté 4,5% du chiffre d'affaires réalisé par Amazon en France, selon la société spécialisée FoxIntelligence.
Pour contrer cet argument, le géant américain met en avant son rôle sur les territoires. Amazon dit compléter l'offre de livres pour les lecteurs qui ne disposent pas de librairies dans leurs communes, comme c'est le cas sur 90% du territoire. Un argument irrecevable pour les professionnels du secteur : "Moi aussi, je fais la livraison de bouquins dans des villes où il n'y a pas d'établissement", soutient Matthieu de Montchalin, directeur de la librairie l'Armitière, à Rouen, en Seine-Maritime. "Je sais aussi que les habitants disposent de 25 librairies dans le département. Il y a toujours une ville où ils vont faire leurs courses et dans laquelle ils vont trouver une librairie".
Amazon a décidé de contre-attaquer en déposant, en juin dernier, un recours devant le Conseil d'État. Celui-ci étant non-suspensif, il n'empêche pas la loi d'entrer en vigueur ce samedi.