Donald Trump a lancé jeudi son offensive commerciale maintes fois annoncée contre la Chine qui s'apparente toutefois davantage à un avertissement qu'à des mesures immédiates pour répondre aux "pratiques déloyales" du géant asiatique.
Le président américain a signé jeudi "un memorandum ciblant l'agression économique de la Chine" et évoqué des mesures punitives contre des importations chinoises d'un montant pouvant atteindre "60 milliards de dollars" pour tenter de mettre un terme à ce qu'il affirme être la concurrence déloyale de Pékin et le vol de propriété intellectuelle. Plus tôt, ses conseillers économiques avaient parlé de "quelque 50 milliards de dollars".
Pékin ne restera "pas les bras croisés". Si l'administration Trump n'a pas été d'une clarté absolue sur ce à quoi ces montants faisaient exactement référence (la valeur des importations qui seront taxées ou bien le montant des taxes sur ces importations), cette annonce pourrait conduire à une guerre commerciale, Pékin ayant d'ores et déjà annoncé qu'elle ne resterait "pas les bras croisés". Il s'agit de "compenser les gains obtenus par les Chinois par le biais de pratiques commerciales déloyales", a expliqué un haut responsable de la Maison-Blanche.
President Trump is expected to announce billions of dollars in tariffs on Chinese goods. Watch live: https://t.co/vhkaPaisD3pic.twitter.com/krrEvwZ1t4
— CNN (@CNN) 22 mars 2018
Liste de produits. Concrètement, le président "va charger le représentant au commerce (USTR) de publier une liste de produits et des taxes envisagées qu'il compte prendre dans les 15 jours suivant la signature du memorandum", a précisé Everett Eissenstat, directeur adjoint du conseil économique national. L'USTR, Robert Lighthizer, sera aussi chargé "de recourir au processus de règlement des conflits de l'Organisation mondiale du Commerce (OMC) pour s'attaquer aux pratiques discriminatoires dans l'octroi de licences par la Chine".
Préserver le secteur des hautes technologies. Robert Lighthizer a souligné que les mesures contre la Chine visaient en particulier à préserver le secteur des hautes technologies, qui "est probablement la partie la plus importante de notre économie" et dont l'importance est, selon lui, inégalée dans le monde. "44 millions de personnes travaillent dans le secteur des hautes technologies (...) c'est véritablement le pilier de l'économie américaine à venir", a-t-il également réagi, s'exprimant après le président américain.
Partenaires économiques. Les États-Unis, dont la compétitivité dépend de leur capacité à innover, avaient ouvert en août 2017 une enquête au titre de l'article 301 de leur législation commerciale sur des violations supposées des droits de propriété intellectuelle. Washington s'inquiète en particulier du système de coentreprises imposé par Pékin aux entreprises américaines: en contrepartie d'un accès au marché chinois, ces firmes sont obligées de partager avec des partenaires locaux une partie de leur savoir-faire technologique. Les États-Unis et la Chine sont aujourd'hui des partenaires étroitement liés sur le plan économique et financier. Mais Washington dénonce le creusement de son déficit commercial avec le géant asiatique qu'il attribue à des pratiques commerciales inéquitables.