Pour ces vacances d'été rendues un peu particulière par la crise du coronavirus, et qui vont pour beaucoup être les premières depuis le confinement, si vous décidiez de voyager autrement ? Un peu partout en France, des acteurs du tourisme proposent des hébergements insolites pour permettre à leur clientèle de repartir de leurs congés avec des souvenirs riches en émotions fortes. Vendredi, sur Europe 1, les équipes de La France bouge ont présenté quelques unes de ces initiatives.
Des bateaux... sur la terre ferme
Si vous aimez l'idée de vivre à bord d'un bateau, mais êtes un peu effrayé par le grand large, Bathô a une solution pour vous. Ce chantier naval s'est spécialisé dans le réemploi des bateaux en fin de vie, qu'il transforme en hébergement insolite sur la terre ferme. Didier Toqué, cofondateur et président de l'entreprise, a eu cette idée en constatant l'inexorable vieillissement des parcs de plaisance et la hausse de l'âge moyen des propriétaires de bateaux.
"On ne sait pas quoi faire des bateaux construits en polyester depuis la fin des années 60", confirme-t-il, "on ne sait pas quoi faire des coques et des ponts". Pour s'en débarrasser, "les seuls techniques qu'on a, c'est la décharge ou l'incinération, qui sont des procédés nécessaires mais coûteux et à fort impact sur l'environnement. Donc on s'est dit : 'Pourquoi ne pas essayer de les réemployer pour d'autres usages que la navigation ?'"
Mais comment ces embarcations sont-elles transformées ? Pour les voiliers, "on les prend, on enlève les quilles et on refait tout en gardant tous les accessoires pour reproduire l'idée de la navigation", explique l'invité d'Europe 1. "On raccourcit un peu le mât, on met des pontons et des terrasses autour du bateau, comme s'il était amarré à son dernier port."
Selon Didier Toqué, cette expérience s'adresse à "tous ceux qui aiment les bateaux mais ont un problème avec l'eau, comme le mal de mer". Pour l'instant, Bathô exerce son activité dans les Pays de la Loire, "et on va essayer de le développer sur d'autres régions".
Dormir au milieu des loups et des ours
Si vous aimez la nature, pourquoi ne pas vivre au milieu d'animaux sauvages ? En Lorraine, le Parc animalier de Sainte-Croix propose des hébergements dans des lodges permettant de dormir en pleine nature au milieu des loups, des ours et des cerfs. L'idée est venue à la direction du Parc animalier il y a une dizaine d'années. "Il y a eu un mouvement de masse vers l'hébergement insolite et ça nous a ouvert beaucoup de perspectives", explique Laurent Singer, le co-directeur. "Le premier défi était de trouver des lieux d'intégration dans la nature en respectant le bien-être de nos animaux et du lieu."
Plusieurs "univers" ont donc été intégrés aux espaces de vie des animaux et le parc propose par exemple de "dormir avec les loups", en vivant dans un hébergement en bois d'une centaine de mètres carré, duquel on peut observer la meute, y compris pendant la nuit. Les visiteurs peuvent également se rendre dans "la grande plaine des cerfs", ou encore choisir les lodges "de la rivière des ours". "Ce sont des maisons à pilotis dont les pieds sont dans la rivière où se baignent les ours, qui cohabitent avec des coyotes, des bisons, etc", explique encore Laurent Singer.
Des cabanes pour se reposer en randonnée
Amateur de randonnées, Yves Poullain a constaté à plusieurs reprises que certaines zones étaient peu pourvues en lieux d'hébergement pour les voyageurs. Il a donc créé Hello Cabanes, qui propose des "cabanes rando" dans lesquelles on peut passer la nuit et reprendre des forces. Des cabanes ont d'ores et déjà été installées en Saône-et-Loire, en Normandie, ou encore en Loire-Atlantique. Une façon, pour l'entreprise et ses équipes, de venir en aide aux territoires.
"Dans certains secteurs, dès qu'on ne trouve plus d'hébergement, la fréquentation s'arrête au détriment des retombées économiques des territoires ruraux", indique Yves Poullain. Et ce, alors que la présence des randonneurs pourrait représenter une vraie opportunité économique. "Des études montrent que les touristes itinérants consomment 30 à 40 % de plus que les touristes traditionnels", assure l'invité d'Europe 1.
Vendues entièrement montées aux communes pour la somme de 9.500 euros, ces cabanes sont fabriquées par des entreprises d'insertion "et ont été conçues pour que ce soit facile à installer pour les communes. Il n'y a pas de fondations, elles peuvent être déplacées sans impact du sol". Le bois est privilégié "pour que ce soit facile à nettoyer".
Les cabanes comportent trois couchages, ainsi qu'un coin repas, mais aussi une zone bagagerie. Pour la remise des clés, Hello Cabanes a mis en place un système de serrures à code, le code étant transmis lors de la réservation.
Dormir suspendu sur une falaise
Guide de haute montagne depuis 15 ans, Guillaume Avrisani a co-fondé Inax Aventure, qui propose de passer une nuit suspendu... en paroi sur une falaise. Les voyageurs prenant part à l'expérience rejoignent un sommet surplombant le lac d'Annecy, puis descendent en rappel, avant de s'arrêter au milieu de la paroi. Là, Guillaume Avrisani dresse le campement, en installant un "portaledge", une structure en aluminium, "reliée avec des tissus cousus et une sangle unique qui s'attache sur la falaise".
"Les gens sont un peu surpris les 15 premières minutes et se demandent si ça va tenir", s'amuse Guillaume Avrisani, "puis ils se familiarisent avec les éléments".