Pas de temps à perdre. Tout juste élu président de la République, Emmanuel Macron a du pain sur la planche, notamment sur le front de l’emploi. Entre une croissance trop molle, un chômage qui stagne et des plans sociaux d’ampleur qui se multiplient, le nouveau résident de l’Élysée a déjà de quoi occuper ses prochains mois. Europe1.fr fait le point sur les priorités économiques du nouveau Président.
Relancer l’économie
- Chômage
François Hollande avait fait de l’inversion de la courbe du chômage sa priorité. Cinq ans plus tard, le bilan est négatif. La courbe redescend bel et bien depuis 2015 mais c’était trop tard : l’ex-président de la République laisse à Emmanuel Macron près de 600.000 chômeurs sans aucune activité de plus qu’en 2012. Le chômage de masse continue de brider le développement économique du pays et laisse sur le carreau une vaste partie de la force de travail.
Le nouveau résident de l’Élysée arrive donc aux manettes sous la pression des Français, dont le chômage est la principale préoccupation. A l’exception des pays du Sud, la France fait office de vilain petit canard de l’Europe avec un taux de chômage de 9,7% en métropole, 10% avec l’Outre-mer. Certes, des signes semblent indiquer que la situation de l’emploi est en voie d’amélioration, notamment les bons chiffres de créations d’emploi. Mais Emmanuel Macron devra rapidement redonner confiance aux entreprises pour les inciter à embaucher, si possible en CDI et non plus en contrats courts.
- Croissance
Pour résorber définitivement le chômage de masse, le gouvernement de Emmanuel Macron devra d’abord trouver un moyen de relancer la croissance. La France sort de cinq années avec une croissance annuelle moyenne de 0,7% seulement. Surtout, notre pays ne parvient toujours pas à enchaîner quatre trimestres consécutifs de hausse du PIB.
Les anticipations pour les années à venir n’incitent guère à l’optimisme. Les prévisions de la plupart des institutions oscillent entre 1,3% et 1,6% en 2017 et entre 1,4% et 1,8% en 2018. Trop peu pour donner l’élan nécessaire à l’économie française. Emmanuel Macron a insisté pendant la campagne sur la prudence de ses prévisions : il attend entre 1,7% et 1,8% de croissance pour les cinq ans à venir.
Gérer les plans sociaux
- Whirlpool
Le dossier Whirlpool s’est invité avec fracas au second tour de l’élection quand Emmanuel Macron et Marine Le Pen se sont affrontés à quelques heures d’écart sur le parking de l’usine menacée de fermeture, à Amiens. Le site industriel, que Whirlpool veut déplacer en Pologne, et ses 300 salariés menacés (le double en comptant les emplois indirects) s’impose désormais comme le symbole de la désindustrialisation en France.
Emmanuel Macron, froidement accueilli par les salariés, n’a pas promis monts et merveilles aux salariés. Il s’est engagé à étudier les offres de reprise du site et à "n’homologuer aucun plan de sauvegarde de l'emploi qui ne serait pas à la hauteur". Le nouveau président de la République mise sur la formation pour reclasser les employés.
- Tati
L’avenir paraît bien noir pour les employés de Tati. L’enseigne de textile à petits prix, en grande difficulté depuis plusieurs années, a été placée en redressement judiciaire jeudi dernier. Sept repreneurs potentiels se sont manifestés mais aucun ne propose pour le moment de garder tous les salariés de Tati. L’offre la plus généreuse, formulée par Gifi, laisserait tout de même un tiers des salariés sur le carreau, puisque l’enseigne d’ameublement ne garderait que 100 magasins Tati sur 145, et 1.200 salariés sur 1.700. Au final, 500 salariés seraient donc mis à l’écart. Un coup pour une marque mythique de l’habillement en France.
- Vivarte
Sale temps pour le textile à petits prix. Après des années aux mains de fonds vautour, le groupe Vivarte, au bord du gouffre, est en plein démantèlement. Le chausseur André et la marque de vêtements Naf Naf sont à vendre tandis qu’un plan de sauvegarde de l’emploi va être mis en place à la Halle aux Chaussures, par le biais de fusions avec des magasins de la Halle aux vêtements. Au total, plus de 1.000 salariés sur les 16.000 de Vivartesont directement menacés.
L'intersyndicale de Vivarte a adressé fin avril une lettre à Emmanuel Macron, lui demandant, "en tant qu'ancien banquier d'affaires", quelles "solutions peuvent être mises en œuvre pour éviter le pire" aux salariés du groupe textile en difficulté mais aussi "pour réguler le capital investissement". Au cours de la campagne, le nouveau président de la République a rencontré les salariés en danger pour prendre connaissance du dossier.
- Arc international
C’est un dossier qu’Emmanuel Macron ne connaît que trop bien. En 2014, le verrier Arc International, propriétaire de la plus grande usine de France avec 5.500 employés à Arques, dans le Pas-de-Calais, était menacé de fermeture. L’intervention de celui qui était alors ministre de l’Économie avait conduit au sauvetage du site et des emplois puisque Bercy avait validé la reprise par l’Américain PHP et ajouté un apport de 24 millions d’euros.
Mais trois ans plus tard, Arc International est de nouveau au bord de la crise financière. Il manque environ 20 millions d’euros pour boucler le budget de l’exercice, la faute notamment à un manque de compétitivité latent et à une trésorerie qui brûle trop vite. La région Hauts-de-France et Bercy suivent de près le dossier, qui sera transmis aux nouveaux occupants du ministère. Avec autant d’emplois en jeu, Emmanuel Macron devra agir vite si la situation continue de se dégrader.