C'est l'une des justifications du gouvernement pour justifier le durcissement à venir des règles de l'assurance chômage : pourvoir les emplois disponibles. Selon les statistiques du ministère du Travail, 535.000 postes cherchent preneurs au premier trimestre 2024. Invitée à faire le service de la réforme dans les médias la semaine dernière, la ministre du Travail Catherine Vautrin a évoqué ces emplois qui ne trouvent pas preneurs.
Mais pourrait-on atteindre le plein emploi, ou presque, c'est-à-dire un taux de chômage à 5 % contre 7,5 % actuellement si les chômeurs occupaient ces postes vacants ? C'est en tout cas ce que laisse croire le gouvernement.
"Ça n'est pas en résorbant des emplois vacants qu'on arrive au plein emploi"
Mais d'abord, il y a beaucoup moins de postes vacants que de chômeurs. "Ça n'est pas en résorbant des emplois vacants qu'on arrive au plein emploi. Il faut mettre le nombre d'emplois vacants au regard du nombre de chômeurs, qui est infiniment plus important. Vous avez 2,3 millions de chômeurs. La solution, c'est la création nette d'emplois. Il n'y en a pas assez. 75.000 au premier trimestre, c'est beaucoup, mais pas suffisant pour diminuer fortement le chômage", rappelle Bertrand Martinot, économiste à l'Institut Montaigne.
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Par ailleurs, pouvoir l'intégralité des emplois disponibles, à un instant T, est tout simplement impossible, comme le souligne Éric Heyer, économiste à l'OFCE : "Il y a toujours un volet d'emplois à pourvoir. Et donc c'est pour cela qu'on reste avec ces offres d'emploi un peu frictionnelles, on ne descendra pas en dessous. C'est comme cela que le marché du travail fonctionne et que l'appariement se faire entre l'offre et la demande".
Beaucoup d'entreprises abandonnent leur projet sans le déclarer
Enfin, une partie des emplois à pourvoir ne le sont, en réalité, plus : "Il y a un certain nombre d'emplois qui ne sont plus réalisables parce qu'en fait l'employeur a décidé d'arrêter la recherche sans le déclarer dans les statistiques. Beaucoup de petites entreprises se lancent dans une embauche, mais ne vont pas jusqu'au bout. Notamment parce qu'ils se rendent compte, en recevant des candidats, que ces candidats seront beaucoup plus chers que ce qu'ils avaient en tête", poursuit Erin Meyer.
En définitive, les chiffres officiels ne reflètent pas le nombre d'emplois vraiment vacants, beaucoup moins nombreux. Et les pourvoir n'est qu'un levier parmi d'autres, pour faire baisser le chômage.