Budget 2025 : santé, éducation, retraites, impôts... Ce qu'il faut retenir des annonces présentées par le gouvernement

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avec AFP / Crédit photo : Xose Bouzas / Hans Lucas / Hans Lucas via AFP , modifié à
Le gouvernement français dévoile jeudi son projet de budget pour 2025, un exercice à haut risque tant l'effort prévu pour réduire le vertigineux déficit public est massif et tant l'Assemblée nationale est fragmentée. L'exécutif vise un effort partagé pour éloigner la menace d'une "crise financière".

Revalorisation des pensions reportée, postes de fonctionnaires supprimés, exonérations de cotisations sociales des entreprises réduites... L'exécutif détaille ce jeudi soir comment il compte trouver "60 milliards d'euros" dans les projets de loi de finances (PLF) et de financement de la sécurité sociale (PLFSS) pour redresser des finances publiques à la dérive.

Les informations à retenir : 

  • Le gouvernement dévoile son projet de budget pour l'année 2025 ce jeudi
  • Une taxe sera créé sur les rachats d'actions par les grandes entreprises, qui doit rapporter 200 millions d'euros par an
  • Une contribution "temporaire et exceptionnelle" instaurée pour les ménages les plus aisés
  • Revalorisation de 2% des tranches de l'impôt sur le revenu pour limiter les effets de l'inflation
  • Malus alourdi pour les voitures thermiques, bonus raboté pour les électriques
  • La France va lever un montant record de 300 milliards d'euros sur les marchés pour se financer
  • Le gouvernement vise un déficit de 16 mds en 2025 pour le budget de la Sécu
  • 1,2 milliard d'économies prévues sur les primes à l'apprentissage
  • 4.000 postes d'enseignants en moins dans le budget 2025 de l'Education nationale
  • Baisse limitée à 9% du tarif réglementé de l'électricité au 1er février

Serrage de vis pour l'audiovisuel public, en pleine transformation

Les crédits prévus en 2025 par l'État pour l'audiovisuel public sont constants à 4 milliards d'euros, mais en-deçà de ce qui était envisagé, ce qui va être synonyme d'économies pour France Télévisions et Radio France notamment, engagées dans des transformations. La dotation à ces deux entreprises, ainsi qu'à l'Ina, France Médias Monde (France 24, RFI), Arte France et TV5 Monde, est "stable" à 4,03 milliards d'euros, selon le projet de budget présenté jeudi.

Baisse limitée à 9% du tarif réglementé de l'électricité au 1er février

Le gouvernement prévoit une baisse limitée à 9% du tarif réglementé de l'électricité au 1er février, sous l'effet du relèvement d'une taxe qui devrait représenter 3 milliards d'euros de recettes pour de l'Etat, selon le projet de budget présenté jeudi. 

Il s'agit d'adapter "les tarifs normaux d'accise en sortie de bouclier tarifaire afin de garantir au consommateur une baisse de 9% du tarif réglementé de vente en 2025 à partir du 1er février", indique le texte, alors que la Commission de régulation de l'Energie (CRE) avait annoncé en septembre que les Français pouvaient s'attendre à une baisse d'"au moins 10%". 

Coup de rabot de près de 500 millions d'euros confirmé dans la justice

Le budget du ministère de la Justice s'établira à 10,24 milliards d'euros, soit près de 500 millions d'euros de moins que ce qui était prévu, selon le projet de loi de finances présenté jeudi qui confirme les craintes de l'ancien garde des Sceaux Eric Dupond-Moretti et des magistrats. Ce montant est en très légère hausse par rapport au budget de 2024 (+0,11 milliard d'euros), mais reste inférieur aux 10,68 milliards d'euros qui étaient prévus pour 2025 dans la loi de programmation de la justice, adoptée en octobre 2023.

4.000 postes d'enseignants en moins dans le budget 2025 de l'Education nationale

Le budget 2025 de l'Education nationale, premier poste de dépenses de l'Etat, prévoit 4.000 postes d'enseignants en moins par rapport à 2024, principalement en maternelle et en élémentaire, a indiqué jeudi le ministère.

 

La rue de Grenelle justifie cette baisse des postes enseignants par "la baisse du nombre d'élèves qui devrait s'accélérer avec 97.000 élèves en moins à la rentrée 2025". Le budget de l'Education nationale pour 2025 s'élève à 63 milliards d'euros, globalement stable par rapport à 2024.

1,2 milliard d'économies prévues sur les primes à l'apprentissage

Le gouvernement prévoit de diminuer de 1,2 milliard d'euros en 2025 les aides à l'apprentissage, mises en place pour soutenir l'emploi des jeunes, a indiqué jeudi le ministère du Travail. "Il est demandé un effort sur les primes (à l'embauche) de 1,2 milliard d'euros", a indiqué le ministère du Travail, en précisant que la piste d'une aide unique ramenée de 6.000 à 4.500 euros est "un scenario parmi d'autres".

Le gouvernement vise un déficit de 16 mds en 2025 pour le budget de la Sécu

Le gouvernement vise un déficit de la Sécurité sociale de 16 milliards d'euros en 2025 après 18 milliards d'euros en 2024, selon le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS 2025) présenté jeudi en Conseil des ministres.

Le budget présenté par le gouvernement prévoit de contenir la hausse des dépenses de santé (objectif national de dépenses d'assurance maladie, Ondam) à +2,8%, après 3,3% en 2024, ce qui impose notamment à l'Assurance maladie de faire environ 4 milliards d'euros d'économies par rapport à l'évolution naturelle de ses dépenses.

La France va lever un montant record de 300 milliards d'euros sur les marchés pour se financer

La France va lever un montant record de 300 milliards d'euros en 2025 pour financer ses dépenses et renouveler ses précédentes dettes, après 285 milliards d'euros pour 2024, a annoncé jeudi l'Agence France Trésor (AFT), en marge de la présentation du budget.

La dette de la France qui sera levée sur les marchés financiers en 2025 devrait correspondre à 10% du PIB français en 2025, "un chiffre relativement stable par rapport aux années précédentes", nuance toutefois Antoine Deruennes, directeur général de l'AFT. En 2024, la dette souveraine française émise sur les marchés devrait représenter 9,8% du PIB, après 9,6% en 2023.

Malus alourdi pour les voitures thermiques, bonus raboté pour les électriques

Le nouveau malus sur l'achat des voitures neuves polluantes va toucher presque tous les véhicules à essence et diesel à partir du 1er janvier 2025, selon le projet de budget pour 2025 présenté jeudi. L'enveloppe de bonus pour l'achat de voitures électriques passe quant à elle de 1,5 à 1 milliard d'euros et financera "en priorité les ménages les plus modestes".

Revalorisation de 2% des tranches de l'impôt sur le revenu pour limiter les effets de l'inflation

Le gouvernement compte revaloriser de 2% les tranches du barème de l'impôt sur le revenu en 2025 afin de "protéger le pouvoir d'achat des Français", ce qui représentera un manque à gagner de 3,7 milliards d'euros pour l'Etat, selon le projet de budget présenté jeudi. Cette mesure "permet d'éviter à près de 530.000 foyers d'entrer dans le champ de l'impôt sur le revenu. Elle protège les Français d'une augmentation de la fiscalité liée à l'inflation", indique ce texte.

Une contribution "temporaire et exceptionnelle" instaurée pour les ménages les plus aisés

Le gouvernement prévoit d'instaurer durant trois ans une "contribution temporaire et exceptionnelle" visant les ménages les plus aisés qui rapporterait 2 milliards d'euros en 2025, dans son projet de budget pour 2025 centré sur le redressement des finances publiques.

Ce mécanisme permettrait de garantir l'imposition de ces ménages à un taux moyen minimum de 20%, selon le gouvernement. Il concerne ceux qui sont déjà soumis à la contribution exceptionnelle sur les hauts revenus (soit un revenu de référence de 250.000 euros pour un célibataire et 500.000 euros pour un couple).

Création d'une taxe sur les rachats d'actions par les grandes entreprises, qui doit rapporter 200 millions d'euros par an

Le gouvernement prévoit de taxer les rachats d'actions suivis d'une annulation effectués par les grandes entreprises réalisant un chiffre d'affaires d'au moins un milliard d'euros, ce qui doit rapporter 200 millions d'euros par an, selon son projet de budget pour 2025 présenté jeudi. Une "contribution exceptionnelle" demandée à 400 grandes entreprises.

Cette taxe serait de 8% sur le montant de la réduction de capital. Elle vise à "mettre à contribution les entreprises ayant un recours croissant à cette pratique leur permettant de distribuer une partie de leur excès de trésorerie à leurs actionnaires", a indiqué le gouvernement.

Un objectif : éloigner la menace d'une "crise financière"

Malgré une levée de boucliers jusqu'en son sein sur les économies et les hausses d'impôts envisagées et sur fond de tensions dans l'alliance LR-Macronie, il vise un effort partagé pour éloigner la menace d'une "crise financière" et préserver la crédibilité française auprès des marchés financiers et de l'UE qui a épinglé Paris pour ses déficits publics.

L'heure est jugée grave, avant le verdict des agences de notation sur la solidité financière de la France dans les prochaines semaines, dont Fitch vendredi. Quoique sa dette reste prisée des investisseurs, elle emprunte à des taux d'intérêt proches de ceux des pays sud-européens réputés plus risqués. Préparé "en extrême urgence" et présenté avec un retard inédit, le projet de budget prévoit de réaliser les deux tiers de l'effort, soit quelque 40 milliards d'euros, selon le gouvernement, grâce à des réductions de dépenses.

Le Haut Conseil des finances publiques juge "fragile" l'approche budgétaire du gouvernement

Les prévisions publiées par le gouvernement français dans son projet de budget pour 2025 sont "fragiles", a jugé le Haut Conseil des Finances publiques (HCFP) dans un avis rendu jeudi avant la présentation du projet de loi de finances prévue en début de soirée.

"Les prévisions restent un peu optimistes et l'information est peu documentée, et du coup les résultats sur les recettes et les dépenses sont fragiles", a affirmé son président Pierre Moscovici au cours d'une conférence de presse, estimant sur la base d'une autre méthode que l'effort budgétaire français va en majorité reposer sur des hausses d'impôts et non sur une baisse des dépenses comme l'a affirmé le gouvernement.