Parce que la résolution de la crise grecque se joue sur les moindres détails, les négociateurs ont décidé de se donner du temps. Après avoir reçu de nouvelles propositions d'Athènes dimanche, l'Eurogroupe a annoncé lundi qu'il se réunirait une nouvelle fois dans la semaine, le temps qu'il examine la nouvelle feuille de route proposée par la Grèce. Le marathon diplomatique du Premier ministre grec Alexis Tsipras continue donc afin d'obtenir le déblocage d'une aide de 7,2 milliards d'euros dont Athènes a besoin pour financer le fonctionnement de son administration mais aussi pour rembourser 1,7 milliard d'euros au FMI le 30 juin prochain. "Il y a eu des améliorations même si tout n'est pas encore réglé", a résumé François Hollande en fin de journée.
Les trois infos à retenir :
• L'Eurogroupe de lundi n'aura finalement pas été la réunion de la dernière chance : la Grèce et le reste de la zone euro se rencontreront une nouvelle fois dans la semaine, après avoir analysé les dernières propositions grecques. La nouvelle réunion devrait avoir lieu mercredi ou jeudi.
• Retraites, excédent budgétaires, prix de l'électricité... Alexis Tsipras a de nouveau affirmé qu'il ne lâcherait pas sur certains sujets.
• La BCE a décidé lundi de relever le plafond de son aide d'urgence à la Grèce, une bouffée d'oxygène pour les banques hellènes qui doivent faire face à des retraits massifs de liquidités.
Tsipras en tournée à Bruxelles. Arrivé dimanche à Bruxelles, le Premier ministre a multiplié les rencontres. Il a d'abord présenté dimanche de nouvelles propositions dimanche au président de la Commission Jean-Claude Juncker, ainsi qu'à Angela Merkel et François Hollande. Puis il a rencontré lundi le président du Conseil de l'Europe Donald Tusk, Jean-Claude Juncker, la directrice générale du FMI, Christine Lagarde, le président de la BCE Mario Draghi, ainsi que le chef de l'Eurogroupe (ministre des Finances de la zone euro) Jeroen Dijsselbloem.
Une fois cette réunion achevée, Alexis Tsipras a participé à l'Eurogroupe à proprement parler, une réunion au cours de laquelle il a été décidé de se revoir plus tard dans la semaine, le temps que les nouvelles propositions de réforme formulées par la Grèce. "C'est une base pour reprendre les discussions et obtenir un résultat dans les jours qui viennent. (...) C'est une chance en vue d'un accord cette semaine", a déclaré Jeroen Dijsselbloem à la sortie de l'Eurogroupe.
Quelles réformes Athènes a-t-elle proposées ? Pour obtenir un nouveau prêt de 7,2 milliards d'euros, la Grèce doit engager des réformes pour réaliser trois milliards d'économie en 2015. Le contenu des nouvelles propositions grecques n'a pas été officiellement dévoilé. La presse grecque a néanmoins avancé plusieurs pistes : suppression des pré-retraites pour certains métiers, réduction du budget de l'armée (le plus important d'EUrope rapporté au PIB), augmentation de la TVA (passage de 6% à 13% sur les médicaments et les produits alimentaires), ou encore fin du régime fiscal dérogatoire pour certaines îles.
Si le gouvernement grec est prêt à ces ajustements, il restera cependant intransigeant sur plusieurs points, a signifié le Premier ministre grec lundi. Il a en effet avancé que "les clefs d'un accord" ne pouvait reposer ni sur une baisse des retraites, ni sur un excédent excessif, ni enfin sur une hausse de l'électricité.
Que valent les nouvelles réformes proposées par Athènes ? Si Pierre Moscovici, commissaire européen aux Affaires économiques et monétaires, a estimé lundi sur Europe 1 que les propositions grecques allaient "dans le bon sens" et pouvaient "permettre une base à un accord",il a ensuite déclaré que "c'est une bonne base de travail, mais il reste du travail à faire", comme "vérifier la cohérence de l'ensemble". Le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, s'est lui montré plus prudent. "Des progrès ont été faits ces derniers jours, mais nous n'y sommes pas encore", a-t-il prévenu lundi.
La chancelière allemande, Angela Merkel, a également douché les espoirs sur un accord dès lundi, assurant qu'il "restera plusieurs jours dans la semaine au cours desquels des décisions peuvent être prises". L'Eurogroupe de lundi a même été qualifié de "consultatif" par la chancelière. Son ministre des Finances, Wolfgang Schaüble, connu pour son intransigeance envers la Grèce, a même souligné qu'Athènes n'avait pas fait de propositions "substantielles".
Le président de l'Eurogroupe, Jeroen Dijsselbloem, a, à son tour, déclaré qu'il serait impossible d'achever dans la journée l'étude des nouvelles propositions de réformes. "Les chefs de gouvernement se réunissent ce soir et la processus continuera cette semaine", avait-il pronostiqué.
La BCE relève son financement d'urgence. En attendant un nouvel accord, le directoire de la BCE, un des créanciers de la Grèce, s'est réuni lundi matin : il a décidé de poursuivre et même de relever son financement d'urgence des banques grecques. Ces dernières doivent faire face depuis plusieurs mois à des retraits massifs d'argent de la part des particuliers. C'est ainsi que 30 milliards d'euros ont été retirés d'octobre à avril et rien que la semaine dernière, ce sont 6 milliards d'euros qui sont sortis des distributeurs. Grâce au financement d'urgence de la BCE, les banques grecques peuvent faire face à cette hémorragie de liquidités et éviter à Athènes d'instaurer un contrôle des capitaux