>> Bruno Le Maire, le ministre de l'Economie, a mis en garde EDF lundi : "La filière nucléaire doit se ressaisir". Ces mots interviennent dans le cadre d'un rapport sans concession sur les dérives du chantier de l'EPR de Flamanville. Notre éditorialiste Nicolas Barré, directeur de la rédaction du journal Les Echos, analyse ce rapport sur Europe 1.
"Ce rapport, remis par Jean-Martin Folz, l’ancien patron de PSA, a le très grand mérite de dresser un constat clinique des dérives de ce chantier et de cet échec qui tient en quelques chiffres sidérants. Le projet d’EPR de Flamanville lancé en 2006 par EDF devait être un chantier de 4 ans et coûter 3,3 milliards d’euros. Or la facture aujourd’hui s’élève à 12 milliards et ce réacteur ne sera pas mis en service avant fin 2022. Comment en est-on arrivé là ? Jean-Martin Folz pointe les responsabilités des équipes d’EDF : "une mauvaise organisation", "des relations mal gérées avec les fournisseurs et difficiles avec Areva" et pour couronner le tout "une perte de compétences généralisée de la filière qui n’avait pas construit de réacteur depuis 16 ans".
La technologie des EPR est-elle condamnée ?
Non, c’est l’autre point clef du rapport. Deux EPR sont en service en Chine et c’est la preuve, dit Jean-Martin Folz, de la pertinence du concept et du design de l’EPR. Les ingénieurs français sont tout à fait capables de faire la même chose et EDF peut se remettre de ses erreurs. Le sujet maintenant est politique. La France doit en principe décider avant la fin du quinquennat si elle construit ou non de nouveaux EPR pour remplacer les vieilles centrales. Evidemment, le retard de Flamanville complique la donne, difficile de lancer de nouveaux chantiers tant que ce réacteur ne fonctionne pas. L’avenir de la filière nucléaire française est plus que jamais suspendu à la bonne fin de ce chantier cauchemar pour EDF."