Emmanuel Macron va dévoiler mercredi des mesures très attendues par la filière agroalimentaire, en particulier par les paysans qui luttent pour leur survie, mais également par certains distributeurs.
Une hausse massive des prix, selon Leclerc. Cette intervention présidentielle intervient à l'issue de la première phase des États généraux de l'alimentation qui ont surtout porté sur la répartition de la valeur ajoutée entre les acteurs de la filière. Le sujet, très sensible, est à l'origine d'une vive polémique déclenchée par Michel-Édouard Leclerc, qui a accusé certains industriels et distributeurs de préparer une hausse massive des prix "sous prétexte d'aider les agriculteurs". Le gouvernement envisage, en effet, "d'ajuster" la loi de modernisation de l'économie (LME), qui régit les négociations commerciales entre distributeurs et industriels, afin d'arriver à déterminer un prix juste pour les produits des agriculteurs. La loi LME, qui date de 2008 et qui a déjà été amendée par deux fois, est ciblée par de nombreux acteurs, agricoles comme industriels, comme la cause de tous leurs maux.
"Pas de guerre de prix", annonce Travert. "On ne peut pas relancer une guerre des prix, je crois que ce n'est pas tenable aujourd'hui", a déclaré dimanche le ministre de l'Agriculture, Stéphane Travert, en réponse à Michel-Édouard Leclerc. "Si demain nous relevons le seuil de revente à perte, comme nous souhaitons le faire, il faut d'abord s'assurer à ce que le relèvement du seuil retourne dans la poche des agriculteurs", a-t-il poursuivi.
Encadrer les promotions ? Un début de consensus s'est esquissé entre agriculteurs et industriels sur son évolution. Cependant, leurs propositions passent mal non seulement auprès de Michel-Edouard Leclerc, mais aussi de l'UFC-Que Choisir. La FNSEA et les industriels membres de l'Association nationale des industries agroalimentaires (Ania) proposent de redéfinir le seuil de revente à perte en y intégrant les coûts de distribution. Ils demandent également d'encadrer les promotions. Les promotions doivent être utiles aux deux entreprises", distributeur et industriel, et ne pas tourner à la "braderie", clame ainsi le président de l'Ania, Jean-Philippe Girard.
Prendre mieux en compte les prix agricoles. Autre proposition majeure : travailler sur un autre mode de contractualisation au profit des agriculteurs. "Si on veut sauver la filière agricole, la proposition que l'on fait, c'est que ce soient les prix agricoles qui soient au début de la relation contractuelle et non pas l'inverse", a indiqué Serge Papin, patron de Système U et coprésident de l'atelier sur les prix agricoles. Cet atelier propose un contrat qui partira du prix payé à l'agriculteur, calculé en fonction d'indicateurs de prix de revient de leurs coûts de production, et qui tiendra également compte des prix de vente sur le marché intérieur, plus rémunérateurs que l'export.
Les supermarchés Leclerc, "un ancien monde". Pour de nombreux acteurs, il faudra in fine augmenter les tarifs pour améliorer les prix payés aux agriculteurs et cette perspective déplait à l'UFC-Que Choisir comme à Michel-Edouard Leclerc. "Pour redresser l'ensemble de la filière, cela représente (un coût, ndlr) de 30 centimes d'euros par personne et par semaine. Sur un an, ça fait 15 euros", rétorquent les industriels de l'Ania. Le leader des supermarchés Leclerc "représente un ancien monde, celui des prix toujours plus bas. Les consommateurs veulent autre chose, ils veulent de l'origine, de la qualité, de la proximité, ils veulent savoir qui produit et comment et ils veulent surtout redonner plus de centimes aux producteurs", a pour sa part estimé la présidente de la FNSEA, Christiane Lambert.