Ce jeudi, Emmanuel Macron va dévoiler sa stratégie pour "accélérer" la "réindustrialisation" du pays, avant une visite à Dunkerque vendredi pour entériner l'implantation d'une usine de batteries électriques par le groupe taïwannais ProLogium. Une bonne nouvelle pour l'attractivité de la France, qui semble bien s'en sortir au niveau européen. C'est ce que révèle le baromètre EY de l'attractivité de la France 2023, qu'Europe 1 dévoile en exclusivité.
Après une enquête menée auprès de 204 dirigeants d’entreprises à capitaux étrangers, entre le 15 février et le 15 mars 2023, l'étude conclut que marqué les difficultés liées à la crise de 2022, la France reste le pays le plus attractif d'Europe en nombre de projets d'investissement étranger, avec 1.259 implantations ou extensions annoncées l'année dernière.
La France favorisée par le Brexit et l'industrie décarbonée
"On poursuit la dynamique des quatre ou cinq dernières années parce que la France est première destination des investissements étrangers en 2022. On a fait la course en tête", détaille Marc Lhermitte, associé du cabinet de conseil EY Consulting au micro d'Europe 1. "D'abord parce qu'on a fait le boulot, les réformes de fiscalité, le droit social, le marché du travail, ça a payé. L'image de la France est quand même plus positive aujourd'hui."
"Et puis, il faut le dire, on profite aussi un peu des déboires de notre gros concurrent britannique avec le Brexit. Et si l'Allemagne est un pays formidable, une économie exportatrice incroyable, le fait qu'il y ait une énergie très carbonée, ce n'est aujourd'hui pas ce que recherchent les industriels et les investisseurs étrangers en général", ajoute Marc Lhermitte.
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Justement, le fait d'avoir une énergie décarbonée et un accès au nucléaire est "un formidable avantage par rapport à nos concurrents". Autre avantage : malgré l'inquiétude des dirigeants sur l'attractivité de la France à moyen terme, révélée par l'étude, "on donne une forme de vision ou de cap à cette transformation économique de la France. Quand le Brexit est plutôt un recul, la France dit 'nous, on cherche notre voie pour aller en avant, pour se réinventer, faire de l'innovation'. Si 2030 est encore loin et qu'on sait que le chemin sera difficile, sur le quotidien, on sent à l'extérieur un regard assez bienveillant, vigilant sur la France", reprend l'associé du cabinet de conseil EY Consulting au micro d'Europe 1.
Difficulté sur les centres de décision
Certaines faiblesses demeurent tout de même, comme le précise l'étude, notamment sur les centres de décision, où le Royaume-Uni fait mieux que l'Hexagone (133 contre 78). "Les banques sont pour l'essentiel restées à Londres et continuent de faire de Londres la première place financière européenne. Sur les centres de décision, c'est une affaire compliquée parce qu'on avait fait du chemin avec un certain nombre de mesures fiscales. Mais nos concurrents, qui sont aussi les Pays-Bas, la Belgique, l'Irlande, ont beaucoup progressé", souligne Marc Lhermitte.
"Il faut probablement remettre ça au centre de la table, avec des aménagements fiscaux pour les entreprises et aussi pour les équipes de managers et les équipes de collaborateurs. Et il faut travailler ce sujet parce que les sièges sociaux, les centres de coordination, c'est l'avenir. Ce sont les décisions qui vont compter pour les dix ans qui viennent", avance-t-il au micro d'Europe 1.
Autres difficultés : la France subit une forte diminution des investissements dans les plateformes logistiques, et le nombre de projets dans les implantations tertiaires à moyenne valeur ajoutée reste loin des niveaux d'avant-Covid, détaille le baromètre. Des sujets qui reviendront peut-être dans la stratégie de "réindustrialisation" que va présenter Emmanuel Macron.