Le conflit entre le gouvernement et une partie des transporteurs routiers va-t-il se durcir ? Certains d'entre eux tentent en tout cas de bloquer la circulation à la frontière belge depuis jeudi matin. Motif de leur courroux : la suspension à venir en 2022 de l'avantage fiscal sur le gasoil, un avantage accordé aux entreprises de transport. En face, le gouvernement leur a, par la voix de la ministre de la Transition écologique et solidaire Élisabeth Borne, dont dépendent les Transports, répondu qu'il était "logique" de voir cet avantage raboté.
"Ça met les entreprises à plat"
Pour les transporteurs, la suppression de 2 centimes d'avantage fiscal sur le gasoil va leur coûter 700 euros par an et par camion. "Si on se touche à ce carburant professionnel, qui était un engagement de longue date, ça met en péril les entreprises, ça réduit les marges à zéro", proteste David Sagnard, chef d'entreprise à Calais, rencontré par Europe 1. "Sans marge, une entreprise ne peut plus prospérer ni investir. Ça met les entreprises à plat."
" En mettant ces deux centimes de plus par litre de carburant, ce sont les entreprises françaises qui vont encore être pénalisées "
Et beaucoup d'entre eux redoutent une concurrence accrue des transporteurs étrangers. "En mettant ces deux centimes de plus par litre de carburant, ce sont les entreprises françaises qui vont encore être pénalisées. Cela aggrave notre déficit de compétitivité", dénonce Sébastien Rivera, secrétaire générale de la Fédération nationale des transporteurs routiers du Pas-de-Calais.
Ça coince sérieusement à Rekem sur l’A22, sens Belgique-France.
— Lionel Gougelot (@Lgougelot) November 28, 2019
Opération des patrons routiers de la FNTR Pas-de-Calais contre la suppression de l’avantage fiscal sur le gasoil. pic.twitter.com/7fZYRKMkKG
"Ceux qui traversent la France vont faire le plein avant d'arriver sur le territoire, notamment au Luxembourg, où le carburant est nettement moins cher", poursuit le représentant. "La part des véhicules étrangers dans les pleins faits en France est vraiment infime."
Borne avance un "besoin d'investir dans les routes"
Mais si les transporteurs ont réussi à bloqué la circulation dans le sens Belgique-France, le gouvernement n'entend pas, pour l'heure, céder du terrain sur ce sujet. "Il ne s'agit évidemment pas de mettre en difficulté les transporteurs routiers, mais ils savent aussi qu'on a besoin d'investir beaucoup plus pour entretenir les routes", estime Élisabeth Borne, interrogée par Sonia Mabrouk dans la matinale d'Europe 1. "C'est logique qu'ils participent au financement de l'entretien des routes", insiste-t-elle, promettant d'être "très attentive à la situation des petits transporteurs routiers".