Education à la sexualité : le programme passe une étape-clé avant sa prochaine publication
Une instance consultative de l'Education nationale a voté ce jeudi pour le nouveau programme d'éducation à la sexualité, une étape-clé pour sa future publication. Ce programme doit désormais être publié au Journal officiel avant son déploiement, alors qu'il était initialement prévu pour la rentrée 2024.
Le nouveau programme d'éducation à la sexualité, contesté par une partie de la droite et les milieux conservateurs, a franchi une étape-clé pour sa future publication avec le vote jeudi d'une instance consultative de l'Education nationale, a-t-on appris de sources syndicales.
Le Conseil supérieur de l'éducation (CSE) s'est prononcé avec 60 voix pour et 0 contre, a précisé la FSU, première fédération de l'Education nationale qui a salué "une victoire pour l'Ecole".
"Le programme final sera publié dans les prochains jours !"
Après plusieurs contretemps liés notamment à la dissolution, le CSE, une instance consultative réunissant syndicats, parents d'élèves et autres partenaires de l'Education nationale s'est réuni mercredi et jeudi pour examiner et voter le texte, une étape décisive avant sa prochaine publication officielle et sa mise en oeuvre à la rentrée prochaine.
Près de 150 amendements ont été débattus au cours du CSE. Certains ont été adoptés en séance. L'Education nationale gardera toutefois la main pour la rédaction finale du programme.
"Les échanges ont été vifs et pertinents. Je sais que nous allons aboutir à un texte ambitieux et équilibré, essentiel pour notre jeunesse. Le programme final sera publié dans les prochains jours !", avait écrit mercredi, après sa participation, la ministre de l'Education nationale, Elisabeth Borne, sur les réseaux sociaux.
Le programme d'éducation à la vie affective, relationnelle et sexuelle (Evars), prévu initialement pour la rentrée 2024, prévoit trois séances annuelles dans l'ensemble des écoles, collèges et lycées, publics comme privés. Il doit désormais être publié au Journal officiel avant son déploiement.
"Un ajustement à l'âge et à la maturité des élèves"
Théoriquement imposé par la loi depuis 2001, le programme est rarement mis en oeuvre et reste très décrié par certaines franges conservatrices, dénonçant notamment la présence d'une "théorie du genre".
Dans sa nouvelle version, le programme prévoit un apprentissage en deux étapes : "une 'éducation à la vie affective et relationnelle' pour l'école maternelle et l'école élémentaire, une 'éducation à la vie affective et relationnelle, et à la sexualité' pour le collège et le lycée", avec "un ajustement à l'âge et à la maturité des élèves".
"Le texte a retrouvé pleinement l'esprit de l'Evars", a salué Sophie Vénétitay, secrétaire générale du Snes-FSU, premier syndicat des collèges et lycées. "La discussion a permis de faire entendre notre voix syndicale, la voix des personnels face à ce qui reste d'influence de l'extrême droite et des réactionnaires", a-t-elle estimé.
L'information obligatoire des parents "de la tenue et du contenu des séances obligatoires" a évolué. "Ils auront une information en début d'année", selon une circulaire, a expliqué à l'AFP Guislaine David, secrétaire générale de la FSU-Snuipp (premier syndicat du primaire), ce qui permet "de ne pas mettre en danger les enseignants ou d'avoir des parents hostiles qui retirent leur enfant de l'école" lors de ces enseignements.
Un "levier de transformation sociale majeur"
Dans un communiqué, l'Unsa s'est réjouit du "maintien des termes 'identité de genre' et 'orientations sexuelles' dans le programme" comme des "mots explicites comme hétérosexualité, homosexualité, bisexualité", entre autres.
Elle a salué un "levier de transformation sociale majeur, un outil essentiel pour lutter contre les violences sexistes et sexuelles".
Le syndicat de la famille (ex-Manif pour tous) évoque un texte "modifié, mais dans le mauvais sens" en épinglant notamment "la peur des syndicats d'informer les parents" avant les séances d'éducation à la sexualité.