Facebook est en train de bousculer le monde de la finance. Le réseau social aux 2,3 milliards d'utilisateurs présente mardi son projet de monnaie virtuelle destiné à ses membres. Un projet inédit qui pourrait remettre en cause la mainmise des banques sur les transactions commerciales et le rôle de l'État dans le système bancaire. "Que Facebook crée sa propre monnaie, un instrument de transaction, pourquoi pas. En revanche, il est hors de question qu'elle devienne une monnaie souveraine", prévient d'emblée Bruno Le Maire, invité d'Europe 1 mardi.
Des garanties pour les consommateurs
Le ministre de l'Économie réclame fermement que Facebook n'outrepasse pas ses prérogatives d'entreprise privée. "La capacité d'émettre des titres, de constituer une réserve et d'être un prêteur en dernier ressort : tout cela n'est pas envisageable", souligne Bruno Le Maire. Selon lui, la monnaie, "attribut de la souveraineté des États", doit "rester aux mains des États et pas des entreprises privées qui répondent à des intérêts privés".
De fait, le ministre de l'Économie entend "demander des garanties" à Facebook, notamment "la garantie que cet instrument de transaction ne pourra pas être détourné pour financer le terrorisme ou toute autre activité illicite". "J'ai demandé aux gouverneurs des banques centrales des membres du G7 de nous faire un rapport pour la mi-juillet, quand se tiendra le G7 des ministres des Finances, pour qu'ils nous disent quelles sont les garanties à obtenir de la part de Facebook", explique Bruno Le Maire, sur Europe 1. "Il faut nous assurer qu'il n'y a pas non plus de risque pour le consommateur. C'est notre rôle d'État de protéger les consommateurs", ajoute-t-il.
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Réguler les GAFA, "un enjeu-clé du 21e siècle"
Par ailleurs, Bruno Le Maire s'inquiète des effets indirects de cette monnaie virtuelle. "Elle va permettre à Facebook d'accumuler à nouveau des millions et des millions de données. Cela me renforce dans ma conviction qu'il est nécessaire de réguler les géants du numérique, de s'assurer qu'ils ne se retrouvent pas dans des situations monopolistiques", martèle le ministre de l'Économie. "C'est un enjeu clé du 21e siècle."
À ce titre, Bruno Le Maire estime que le combat de la France pour taxer les bénéfices des GAFA et autres grandes entreprises du numérique est plus que jamais d'actualité : "Cela renforce ma détermination à aboutir à une juste taxation du numérique. Nous le faisons au niveau national et j'espère que nous y parviendrons au niveau international début 2020".