Amazon France dénonce un excès de pouvoir. La branche hexagonale de la plateforme de commerce en ligne s’oppose à un arrêté ministériel pris le 4 avril. Cet arrêté doit entrer en vigueur début octobre et fixe à 3 euros le seuil réglementaire des frais de port pour les commandes inférieures à 35 euros. D'après Amazon, la mesure est "contraire au droit et à l'intérêt des consommateurs".
Premier argument du groupe : s’ils sont appliqués, les frais de port de 3 euros feront augmenter le prix de la commande d’un livre de poche de 40%. Un juste rééquilibrage répondent les libraires. "La particularité d’Amazon par rapport à un libraire, c’est qu’il peut choisir de perdre de l’argent lorsqu’il fait la livraison à 1 centime, mais va pouvoir compenser ses pertes par la vente d’autres produits", explique Guillaume Husson, le délégué général du syndicat de la librairie française. "Bien évidemment, un libraire, lui, ne peut pas se rattraper."
Amazon, allié des librairies ?
Deuxième argument d’Amazon : 90% des communes françaises n’ont pas de librairie et près d’un achat de livres en ligne sur deux est motivé par l’éloignement des points de vente physiques. La plateforme compléterait donc l’offre dans les villes démunies. "Moi aussi, je livre dans des villages qui n’ont pas de libraire", réplique Matthieu de Montchalin, ancien président du syndicat de la librairie française et directeur de la librairie L’Armitière à Rouen. "Mais je sais aussi que les habitants de Seine-Maritime ont plus de 25 librairies de premier niveau dans leur département et qu’il y a donc toujours une ville dans laquelle ils vont faire leurs courses et où ils trouvent une librairie."
Le recours d’Amazon France n’est pas suspensif. La réponse du Conseil d’État ne devrait pas être prise avant plusieurs mois. Sauf décision contraire donc de la plus haute juridiction du pays, la loi entrera en vigueur à partir du 7 octobre prochain.