C'est un moment important de la fin du quinquennat, mais peut-être aussi de la campagne présidentielle de 2022, qu'Emmanuel Macron n'a pas encore officiellement entamée. Le chef de l'État va détailler mardi l'infrastructure de son plan d'investissement "France 2030", d'un montant de 30 à 50 milliards d'euros, sorte de "petit frère" du plan de relance bâti lors de la crise du coronavirus. Quel contenu, pour quelle visée politique ? Europe 1 fait le point sur ce dispositif.
Que contient le plan "France 2030" ?
Une fois n’est pas coutume, rien n’a filtré ou presque des annonces précises. Emmanuel Macron veut créer la surprise sur ce plan. Quel sera le montant définitif de celui-ci, 30 ou 50 milliards d'euros ? Sur quelle durée va-t-il s’échelonner, cinq ou dix ans ? L’Élysée a volontairement entretenu le flou. On sait simplement qu'il va porter sur les innovations de rupture.
Pourquoi l'exécutif choisit-il les innovations de rupture ?
L'innovation de rupture est celle qui va transformer nos usages et nos habitudes. Il s'agit par exemple d'Airbnb, innovation de rupture par rapport à l'hôtellerie traditionnelle. Dans l'industrie, la question est de savoir quelles entreprises l'État doit aider, comme l'industrie aéronautique, afin de bâtir des avions plus propres demain.
La chimie verte est un autre exemple de ces secteurs concernés. Plusieurs start-up françaises travaillent sur une alternative au pétrole, mais quel procédé faut-il privilégier ? Lequel faut-il transformer en véritable filière industrielle ? Ce plan d'investissement prévoit également de financer les formations qui vont avec ces métiers.
Ce plan d'investissement est également un pari, car on peut miser sur les innovations qui ne répondront finalement pas aux besoins de la population à l'avenir. "C'est jeter une pièce en l'air", reconnaît un membre du gouvernement, car il y a 85% d'échec dans les innovations de rupture.
Quelle portée politique le plan a-t-il pour Emmanuel Macron ?
Le chef de l’État joue ici l’un des derniers actes de son mandat. "Un acte fondateur", espère-t-on dans la Macronie, pour le potentiel prochain quinquennat. Emmanuel Macron cherche à se forger la stature d’un Président bâtisseur. Son entourage convoque régulièrement l’exemple de Georges Pompidou, qui a lancé de grands fleurons comme le TGV ou le Concorde.
Il s'agit là d'une manière de couper l’herbe sous le pied à la droite, en marchant dans les pas de cette figure tutélaire, mais avec ses propres paris : l’espace, l’automobile, le nucléaire ou encore l’intelligence artificielle. Tout un programme, à six mois de la présidentielle. Nul doute qu’Emmanuel Macron pose ici les jalons de sa future campagne.