La hausse des prix à la consommation a marqué un léger ralentissement sur l'ensemble de 2023, atteignant 4,9% en moyenne annuelle, l'assagissement des prix de l'énergie ayant contrebalancé l'accélération dans l'alimentation, a indiqué vendredi l'Insee. L'inflation s'était élevée à 5,2% en 2022, après 1,6% en 2021 et 0,5% en 2020.
Un ralentissement dû au "repli partiel" des produits pétroliers
En moyenne annuelle l'an dernier, les prix de l'énergie ont augmenté de 5,6% après 23,1% en 2022, un ralentissement dû principalement au "repli partiel" des produits pétroliers, a détaillé l'Institut national de la statistique. Les prix ont en revanche accéléré dans l'alimentation (11,8% après 6,8%) et pour les produits manufacturés (3,5% après 3%).
En décembre, la hausse des prix a atteint 3,7% sur un an, un léger sursaut par rapport à novembre (3,5%) attribué à l'accélération des prix de l'énergie et des services en fin d'année, a indiqué l'Insee, confirmant sa première estimation. Malgré ce soubresaut, la tendance est clairement au ralentissement.
La tendance à l'assagissement devrait se poursuivre en 2024
Nourrie par les difficultés d'approvisionnement post-Covid puis par la flambée de l'énergie dans le sillage de la guerre en Ukraine, l'inflation avait bondi jusqu'à 6,3% sur un an en février 2023, un niveau au plus haut en France en près de quatre décennies. Depuis, les prix continuent à augmenter mais moins fortement.
Le ralentissement est particulièrement marqué pour les prix de l'alimentation, qui avaient supplanté l'an dernier le secteur de l'énergie comme principal moteur de l'inflation. Après un sommet à presque 16% au printemps, la hausse s'est élevée à 7,2% sur un an en décembre. Cette tendance à l'assagissement devrait se poursuivre en 2024.
Crise "derrière nous"
La crise inflationniste est "derrière nous" en France, s'était réjoui en décembre le ministre de l'Économie et des Finances Bruno Le Maire, reconduit jeudi dans ses fonctions à l'occasion du remaniement. Il avait toutefois admis que les prix ne retrouveraient pas leur niveau d'avant-crise, en raison notamment du coût de la transition énergétique. Dans ses dernières prévisions publiées mi-décembre, l'Insee table sur une inflation à 2,6% sur un an en juin prochain et même à 1,9% pour l'alimentation.
Tirés par les hausses salariales, les services - qui représentent environ la moitié du panier de consommation des ménages - deviendraient le principal contributeur de la hausse des prix, sans toutefois provoquer d'emballement de la boucle prix-salaire.
De son côté, la Banque de France a prédit que l'inflation atteindrait 5,7% en moyenne annuelle en 2023 et tomberait à 2,5% en 2024, mesurée ici selon l'indice des prix à la consommation harmonisé (IPCH) permettant une comparaison entre pays européens.
Mardi, le gouverneur de l'institution François Villeroy de Galhau a vanté l'efficacité, pour juguler les prix et ramener leur progression autour de 2%, de la hausse des taux opérée à marche forcée par la Banque centrale européenne (BCE) depuis l'été 2022, jusqu'à la pause décrétée à l'automne dernier. Il a toutefois souligné la possibilité d'un rebond "de nature technique et temporaire" de la hausse des prix. Les risques géopolitiques restent aussi présents, notamment les tensions au Proche-Orient, près de deux ans après le début de l'invasion russe en Ukraine.
L'Insee s'attend à ce que la consommation des ménages rebondisse en 2024
Pilier traditionnel de la croissance française, la consommation des ménages a souffert en 2023 des prix plus élevés. L'Insee s'attend à ce qu'elle rebondisse en 2024 (+0,6% au premier trimestre et +0,4% au deuxième) grâce à la poursuite de la désinflation et à un rebond du pouvoir d'achat, qui donneront un peu d'air au portefeuille des ménages.
En novembre, les dépenses de consommation des ménages en biens sont reparties à la hausse sur un mois (+0,7% après -0,9% en octobre) en raison d'une consommation accrue d'énergie et de biens fabriqués.