Un coup de pouce de Total pour ses clients les plus précaires. Le PDG du groupe promet un chèque de 100 euros pour ses abonnés au gaz et une remise sur le plein d'essence. Deux parties de la population sont particulièrement visées : les plus précaires et les plus éloignées des centres-villes. La remise à la pompe d'un montant de cinq euros pour 50 litres et deux euros pour 20 litres, s'adresse aux clients des stations rurales de TotalEnergies. Il y en a plus de 1.000 en France, dans et autour des communes de 6.000 habitants. Ce coup de pouce, qui doit démarrer lundi prochain, durera trois mois.
Par ailleurs, TotalEnergies va offrir un chèque de 100 euros pour tous ses clients au gaz en situation de précarité énergétique, les mêmes ayant déjà bénéficié du chèque énergie du gouvernement. Cela représente environ 200.000 personnes. Montant total de l'opération : 50 millions d'euros, soit 30% de la marge des activités de fourniture de gaz, d'électricité et de carburant en France, selon le groupe.
Environ 15 milliards de bénéfices
Depuis l'annonce, plusieurs associations et élus crient au coup de communication. En tout cas, ce qui est sûr, c'est que le timing a été bien choisi. Demain, l'entreprise doit dévoiler ses résultats annuels, très élevés avec l'envolée des cours des hydrocarbures. On parle d'environ 15 milliards d'euros de bénéfices. De quoi relancer l'idée d'une taxe exceptionnelle sur les géants pétroliers pour aider les ménages modestes.
Les associations de consommateurs trouvent-ils ce coup de pouce significatif ? Invité d'Europe Midi, le délégué général de l’association de consommateurs CLCV (Consommation Logement et Cadre de vie) François Carlier y voit un "petit progrès", un "geste qui n'est pas rien" comparé à la crise précédente dans les années 2006/2008, "quand Total faisait des bénéfices analogues et que les prix du carburant et du gaz flambaient". Selon le délégué, "ils ne faisaient pas ce type de geste à l'époque". Un changement de ton du côté de la société d'hydrocarbures que François Carlier attribue notamment à l'impact des associations de consommateurs qui "ont joué leur rôle".
Une forme de progrès, "notamment en matière de gaz" puisque "100 euros pour les ménages précaires, c'est toujours bon à prendre".
Nécessité d'un débat sur les profits de Total
Pour autant, "ça n'occulte pas le débat sur la flambée des prix de l'énergie et les ponctions sur le pouvoir d'achat" et plus encore selon "des mesures que devront prendre les pouvoirs publics d'ici à six mois/un an". Pour François Carlier, "à ce moment-là, le financement de ces mesures publiques passera peut-être par une taxation des profits exceptionnels" de Total.
Pour booster le pouvoir d'achat des Français, le délégué général de CLCV préconise de prendre "des mesures de meilleure régulation du marché pour l'électricité ou le gaz". Il souhaite également "revenir sur l'ouverture débridée des marchés qui a été décidée depuis 20 ans". Une mesure qui a son sens "ne coûte rien", puisqu'il s'agit de régulation.
Enfin, François Carlier estime qu'il sera nécessaire, en temps voulu, de faire un "vrai geste fiscal". Même s'il admet que pour le moment, "on se heurte à des problèmes budgétaires de l'État". Il propose de voir si l'évolution des prix continue, et de se reposer la question d'ici six mois à un an. "À ce moment-là", précise-t-il, il faudra trouver le moyen de financer ce geste "par diverses sources de financement, dont éventuellement une contribution exceptionnelle des entreprises de l'énergie".