Ils s'estiment moins bien traités et moins bien payés que leurs concurrents : les pilotes de la compagnie à bas coûts Ryanair seront en grève vendredi dans plusieurs pays européens, entraînant l’annulation de centaines de vols.
Dans un contexte économique florissant pour le secteur et face à une pénurie d’effectifs, les pilotes d’avion sont aujourd’hui "en position de force" pour négocier, et voués à prendre plus de pouvoir au sein des compagnies, d'après Didier Lebbe, secrétaire permanent à la Centrale Nationale des Employés (CNE) à Bruxelles. "Les pilotes ont la main car le secteur aérien est en pleine croissance, il croît de 4,4% par an, c’est énorme. Et ça crée un rapport de force", affirme-t-il dans Europe Soir jeudi.
Pénurie de pilotes d’avion. Ce rapport de force s’est installé au bénéficie d’une pénurie de pilotes d’avion dans le monde. Il faudrait dans les dix prochaines années 255.000 nouveaux pilotes pour répondre à la demande commerciale, un chiffre bien en deçà de ce que les écoles forment chaque année, analyse Xavier Tytelman, consultant aéronautique CGI-consulting et expert en économie de l’aviation.
"Le problème est que les grandes compagnies aériennes comme Air France ont arrêté de recruter, donc les écoles ont arrêté de former, et on a eu des pilotes au chômage. Ces gens-là se retournent maintenant vers les compagnies en pleine croissance, comme Norwegian, qui recrutent, et les salaires augmentent", développe Xavier Tytelman. "Et les compagnies comme Ryanair qui traitent un peu moins bien leurs pilotes les voient partir par centaine", ajoute-il.
"Ryanair fait la guerre à son personnel". "C’est le principe de l’offre et de la demande : la croissance (du secteur aérien) génère d’énormes recrutements. Et les pilotes vont voir les meilleurs contrats, et c’est pour cela qu’il y a une énorme crise chez Ryanair car le niveau social y est extrêmement bas et les pilotes vont voir les compagnies dites mieux-disant socialement", renchérit pour sa part Christophe Tharot, président du Syndicat national des pilotes de ligne SNPL.
Mais au-delà du seul aspect pécuniaire, rappelle Didier Lebbe, les pilotes de Ryanair demandent avant tout plus de respect dans leurs conditions de travail et l’application des lois nationales par la compagnie basée en Irlande, "qui fait la guerre à son personnel" pour rester compétitive.