Face à une hausse des prix alimentaires proche de 15% sur un an en avril, le gouvernement réunira jeudi à Paris les poids lourds du secteur de la distribution, a indiqué vendredi le ministère de l'Économie à l'AFP. Le ministre de l'Économie Bruno Le Maire avait annoncé dès mardi son intention de discuter avec les distributeurs et l'industrie agro-alimentaire de la possibilité de prolonger au-delà de juin les baisses de prix sur certains produits dans les supermarchés. La réunion de jeudi ne réunira que les distributeurs, a précisé Bercy, confirmant une information de BFM Business.
Une seconde réunion avec les industriels est prévue "dans un second temps", à une date qui reste à définir selon Bercy. Après avoir invité les distributeurs à baisser les prix sur une sélection de produits de mars à juin dans le cadre du "trimestre anti-inflation", le gouvernement réfléchit à de nouveaux moyens d'amortir le choc de l'inflation alimentaire au-delà du premier semestre. Constatant que le coût de certaines matières premières baisse depuis quelques mois, sans que cela se traduise nécessairement dans les prix en supermarché, l'exécutif veut aussi pousser distributeurs et industriels à rouvrir des négociations commerciales.
"C'est une méthode de Bisounours !"
Rendez-vous annuel destiné à fixer les conditions tarifaires dans lesquelles les distributeurs achètent à leurs fournisseurs les produits qu'ils proposent en supermarché, les dernières négociations commerciales se sont achevées au 1er mars et ont abouti à une hausse moyenne d'environ 10% des prix payés par les supermarchés à leurs fournisseurs industriels. La pression semble devoir peser cette fois plus lourdement sur l'industrie agroalimentaire.
Face à la hausse des prix alimentaires, "l'État a pris sa part, les distributeurs également, les consommateurs la prennent au quotidien", a souligné vendredi la ministre déléguée au Commerce Olivia Grégoire lors d'un débat à l'Assemblée nationale. "Nous attendons désormais que les industriels prennent la leur" en rouvrant des négociations commerciales afin de baisser les prix, a-t-elle insisté. S'ils ne s'exécutent pas, Olivia Grégoire menace de "citer nommément dans le débat public" les acteurs récalcitrants, voire à les sanctionner via des "mesures fiscales".
"La méthode du gouvernement consiste à dire 'on envisage des modalités pour prolonger le trimestre anti-inflation', 'on fait appel à la responsabilité'... c'est une méthode de Bisounours !" a commenté le député communiste André Chassaigne vendredi lors du débat à l'Assemblée.