Le mois de mars ne s'annonce pas sous les meilleurs auspices pour le pouvoir d'achat des Français. Du moins dans le secteur de la grande distribution. En ce moment-même, se tiennent les négociations annuelles entre les industriels et les distributeurs afin de déterminer le prix de gros des produits qui seront ensuite présentés dans les rayons des supermarchés. Et les tendances qui en ressortent n'incitent pas à l'optimisme.
"L’inflation va continuer au moins pendant les six premiers mois de l’année et devrait atteindre un sommet entre avril et juin", assurait dans le JDDMichel-Édouard Leclerc, président des centres du même nom, en janvier dernier. Des prévisions résolument pessimistes que partage toutefois Olivier Dauvers, journaliste spécialisé dans la grande distribution, pour qui les Français ont toutes les raisons de craindre une inflation de grande ampleur à compter du mois prochain. "Les distributeurs ne peuvent pas garder pour eux les hausses de prix et l'industriel ne peut pas davantage le faire avec la hausse des coûts de production. Donc fatalement, tout cela va se répercuter sur le consommateur.", regrette-t-il.
Une inflation qui pourrait flirter avec la barre des 10%
Selon lui, ladite inflation pourrait atteindre progressivement 7, 8 puis 9% en plus des 13% constatés aujourd'hui sur les produits alimentaires. "En quelques semaines, on va avoir la même inflation qu'on avait eu en plusieurs mois l'année dernière. C'est la raison pour laquelle j'utilise souvent l'expression de 'mars rouge'".
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La flambée des prix du gaz et de l'électricité contraint en effet les producteurs à revoir la facture à la hausse. Certaines marchandises comme les produits animaliers, dont la confection requiert une grande quantité d'énergie, pourraient être particulièrement concernés par cette nouvelle vague inflationniste. "Les plus gros fournisseurs de croquettes pour chiens et chats, Nestlé et Mars, demandent des augmentations de 17 à 39 %", affirmait Michel-Édouard Leclerc, toujours dans le JDD.
"Un terreau très fertile pour une forme de révolte populaire"
Mais de façon générale, "tous les produits seront concernés", précise Olivier Dauvers. "On ne peut pas dire qu'il y aura des catégories qui seront épargnées car tout ce que nous mettons dans notre assiette réclame de l'énergie. On va donc vers une inflation diffuse". Un discours qui tranche radicalement avec l'optimisme affiché par Bruno Le Maire et réaffirmé cette semaine. "Je le dis avec beaucoup de force, arrêtons de jouer avec la peur des Français. Je dois dire que ces discours sur mars rouge, décembre noir, toutes les couleurs de l’arc-en-ciel y passent, mais ce n’est pas la réalité", déclarait le ministre de l'Économie ce lundi sur RMC.
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Une position qu'Olivier Dauvers qualifie de "déni politique", qui pourrait, selon lui, déboucher sur un vent de révolte dans la société. "Il y a une attente de discount en France. Et malheureusement, l'inflation rend ceci impossible. Le risque étant que certains se sentent déclassés. La dernière fois qu'il y a eu ce sentiment, c'était lors de la crise des gilets jaunes. Il y a un terreau très fertile pour une forme de révolte populaire".