La réforme de la Fonction publique portée par Marylise Lebranchu est en mauvaise posture. Le gouvernement tentait depuis plusieurs semaines de convaincre les syndicats de valider le projet d'accord relatif aux "parcours professionnels, carrières et rémunérations". Un projet qui nécessitait l'accord de syndicats représentant plus de 50% des voix dans la Fonction publique. Or Force Ouvrière, qui pèse 18% des fonctionnaires, a décidé lundi après-midi de ne pas signer le texte du gouvernement, selon les informations d'Europe 1.
La ministre de la Décentralisation et de la Fonction publique, Marylise Lebranchu, avait assuré il y a quelques jours que le gouvernement retirerait son projet de loi s'il n'obtenait pas l'accord de la majorité des syndicats. Cette réforme n'a donc plus aucune chance d'être adoptée, la CGT et Solidaires n'ayant jamais caché leur hostilité à un tel projet.
La dernière sortie de Macron n'a rien arrangé. Ce texte était déjà jugé insuffisant par Force Ouvrière, mais les récentes déclarations d'Emmanuel Macron sur le statut de fonctionnaire ont également joué un rôle dans les discussions, a précisé le syndicat. En marge d'un débat public au think tank "En temps réel", un centre de réflexion de centre gauche, le ministre de l'Economie avait lancé : "on va progressivement entrer dans une zone - on y est déjà d'ailleurs - où la justification d'avoir un emploi à vie garanti sur des missions qui ne le justifient plus sera de moins en moins défendable". Une sortie aux allures de déclaration de guerre pour les syndicats de la Fonction publique.
De quelle réforme s'agit-il ? Point d'indice gelé depuis 2010, difficultés à recruter certains profils : la grogne monte parmi les fonctionnaires et la suppression du jour de carence n'y a rien fait. Le gouvernement a donc décidé de faire un geste envers les fonctionnaires et dévoilé en juin un projet de loi baptisé "parcours professionnels, carrières et rémunérations". Une réforme qui prévoit des rémunérations un peu plus élevées en début de carrière mais avec une augmentation plus progressive jusqu’au sommet.
En clair, il faudrait plus de temps à un agent pour atteindre son plus haut niveau de salaire, la durée actuelle étant d'environ 25 ans. En échange de cette plus grande progressivité, les fonctionnaires gagneraient un peu plus en début de carrière : la ministre Marylise Lebranchu avait évoqué une augmentation qui irait de "30 - 40 euros bruts" et jusqu'à "70 euros" pour les catégories A. Un professeur en début de carrière toucherait ainsi 74 euros bruts par mois supplémentaires, un(e) assistant(e) social(e) 40 euros, ou un agent de propreté 31 euros.