C’est une très mauvaise nouvelle pour EDF. Selon nos informations, les quatre plus gros réacteurs du parc nucléaire français de la centrale de Chooz dans les Ardennes et de Civaux dans la Vienne – mis à l’arrêt mi-décembre à cause d’un défaut détecté dans sur le circuit de refroidissement de secours – ne pourront pas être remis en marche avant l’automne, voire avant la fin de l’année. EDF a annoncé que leur arrêt serait prolongé sans préciser le calendrier.
Besoin de nouvelles pièces
Les quatre réacteurs, qui produisent environ 10% de l’électricité nucléaire en France, présentent un problème de corrosion qui nécessite des réparations et de nouvelles pièces. Il faudra donc attendre la fin de l’année, selon les informations d’Europe 1, le temps que ces nouvelles pièces soient fabriquées pour que les réacteurs puissent être remis en marche.
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Cet arrêt prolongé devrait coûter plusieurs milliards d’euros à EDF. Par ailleurs, ce problème de corrosion touche aussi la centrale de Penly en Seine-Maritime et pourrait aussi concerner d’autres centrales nucléaires françaises.
Peu d’électricité pour passer l’hiver
Une nouvelle qui arrive au pire moment pour EDF qui a annoncé mercredi matin un nouveau retard sur le chantier de l’EPR de Flamanville, et au moment où la disponibilité de ses réacteurs est à son plus bas niveau historique. Dix réacteurs sur les 56 que compte le parc sont arrêtés. Soit pour des problèmes de maintenance, soit pour des problèmes techniques imprévus.
Le gestionnaire du réseau électrique RTE a alerté début janvier sur le risque de ne pas avoir assez d’électricité pour passer l’hiver. La ministre de la Transition écologique, Barbara Pompili, a pris la décision il y a quelques jours d’augmenter la quantité d’électricité produite par les centrales à charbon pour compenser le manque d’électricité nucléaire.
Un risque de pénurie d'électricité ?
Invité sur Europe Midi vendredi, Nicolas Goldberg, expert en énergie chez Colombus consulting, a estimé que ce constat est plutôt inquiétant. "On savait qu'il allait y avoir certains réacteurs nucléaires arrêtés pour passer les visites décennales qui permettent de prolonger le parc nucléaire jusqu'à 50 ans voire plus, et que ça allait être compliqué pour passer l'hiver. Et en plus, on a ce problème de corrosion", a-t-il posé. Selon lui, ces problèmes ne sont par ailleurs pas forcément liés à un vieillissement des parcs nucléaires. En effet, les réacteurs concernés sont "les plus puissantes et les plus récents".
Concernant les risques de pénurie d'électricité, Nicolas Goldberg a affirmé sur notre antenne qu'"ils sont très circonscrits dans le temps". "On a bandeau de consommation supplémentaire en hiver en France, du fait que l'on se chauffe beaucoup à l'électricité. Donc là, jusqu'à fin février-début mars il y a un risque. RTE met chaque mois son étude à jour pour voir à quel point c'est risqué et à quel point ils sont susceptibles d'utiliser ce que l'on appelle des leviers post-marché", a-t-il expliqué.
"Pour l'heure, tant que nous avons une météo clémente - tout cela dépend de la température - et un peu vent - parce que nous avons beaucoup d'éolien sur le réseau - il y a peu de risque", a enfin affirmé l'expert. "C'est pour cela que RTE a été plutôt rassurante pour janvier. Mais on se donne rendez-vous à l'hiver prochain. A priori, ces tensions sur le réseau sont prévues pour durer encore deux ou trois hivers."