C'est un secteur à l'arrêt, contraint financièrement de redémarrer timidement. Selon les informations d'Europe 1, après cinq semaines de confinement contre le coronavirus, et malgré la publication d'un guide spécifique des recommandations sanitaires de l'Organisme professionnel de prévention du bâtiment et des travaux public (OPPBTP), 80% des entreprises du bâtiment restent à l'arrêt en France. Les chiffres de la Confédération de l'artisanat et des petites entreprises du bâtiment (Capeb) précisent également que 17% de ces entreprises ont pu reprendre une activité réduite.
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"Il y a toujours des moments où l'on est à moins d'un mètre"
"On part sur les chantiers avec seulement une personne par véhicule, mais comme je n'en ai que trois, certains de mes employés prennent leur voiture", témoigne au micro d'Europe 1 Benjamin Martin, un maçon de l'Aisne qui est l'un des rares à avoir son entreprise en activité partielle. Si se rendre jusqu'au chantier en respectant les mesures sanitaires n'est pas simple, ce n'est qu'un début. "On a des masques, des gants, on essaie de ne pas se prêter des outils pour éviter les contacts... Après, c'est vrai qu'il y a toujours des moments où l'on est à moins d'un mètre [l'un de l'autre] pour soulever des charges lourdes" explique-t-il.
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Un manque de masques et de trésorerie...
En plus du problème de la proximité, les équipements, notamment les masques, font aussi défaut. C'est pour cela qu'à l'instar de l'Aisne, certains départements en ont débloqué. "Le conseil départemental nous a donné 100.000 masques. Et en une journée et demi, on a reçu presque 400 demandes d’entreprises" explique pour sa part José Faucheux, le président départemental de la Capeb. "Beaucoup avaient 15 jours, trois semaines, un mois maximum de trésorerie, et on est à plus d'un mois de confinement. Donc il y a une nécessité [financière] de pouvoir retourner au travail", ajoute-t-il.
...et des surcoûts causés par les règles sanitaires
Mais les artisans demandent surtout un autre type d'aides, car avec les nouvelles obligations sanitaires, travailler coûte plus cher. C'est pour cela que le prédisent de la Capeb, Patrick Liébus, a demandé par téléphone mardi soir aux ministres des Finances et du Travail, Bruno Le Maire et Muriel Pénicaud, la mise en place d'aides spécifiques pour "couvrir au moins une partie des surcoûts découlant de la mise en œuvre de règles sanitaires", mais aussi la "défiscalisation des heures supplémentaires". "Ce qui permettrait aux entreprises de pouvoir faire plus d'heures pour relancer la mécanique dans le bâtiment", indique-t-il au micro d'Europe 1.
De son côté, le gouvernement doit donner une réponse sur un éventuel déblocage d'aides la semaine prochaine.