Après la démission surprise de Nicolas Hulot vient le temps des questions. Déjà, les écologistes s’inquiètent : la transition écologique ira-t-elle toujours de l’avant sans le militant devenu ministre ? "Je pense qu’Emmanuel Macron n’a pas besoin des leçons de Nicolas Hulot pour être convaincu de l’importance des questions environnementales", élude Jean-Luc Petithuguenin, PDG de Paprec, acteur majeur de la collecte et du recyclage des déchets en France. "J’ai la chance de le connaître, il croit vraiment à la transition écologique et je suis convaincu qu’il poursuivra dans cette voie, même sans Nicolas Hulot", juge-t-il, mercredi, au micro d’Europe 1.
Le gouvernement a un "programme ambitieux". Invité de l’interview économique d’Emmanuel Duteil, Jean-Luc Petithuguenin estime que "le gouvernement, par la voix de Brune Poirson, (secrétaire d’État en charge de ces questions au ministère de la Transition écologique, ndlr), a un programme ambitieux pour augmenter le recyclage, réduire la mise en décharge, etc". Pour lui, le gouvernement engage donc les efforts nécessaires pour préserver la planète : "Je leur fais crédit, ils poussent dans le bon sens".
Écoutez l'interview intégrale de Jean-Luc Petithuguenin à 22h20 dans le grand journal de la nuit d'Isabelle Millet. Le replay de l'émission est à retrouver ici.
Heureusement, les citoyens et les entreprises n’ont pas attendu Emmanuel Macron et son gouvernement pour prendre en main la question du recyclage. "On observe depuis quelque temps un léger ralentissement de la production de déchets. Mais les progrès se font surtout, depuis 25 ans, sur la gestion des déchets, en France mais aussi en Europe et dans le monde", assure le fondateur et PDG de Paprec depuis 1994.
Le recyclage est devenu une habitude. Et Jean-Luc Petithuguenin de rappeler que tous les pays, y compris la France, partaient de loin. "On a fait des progrès considérables. Quand je suis rentré dans ce métier il y a 30 ans, on pouvait jeter des déchets toxiques dans les rivières et dans les lacs. Ça n’existe plus en France", note-t-il. Mais le problème subsiste encore dans de nombreux pays, à commencer par la Chine, où les contrôles sont moins stricts.
Désormais, les Français ont intégré le recyclage dans leur quotidien. Le tri des déchets est devenu une habitude au moment de sortir les poubelles et les bacs jaunes et verts font partie du paysage. Une habitude accompagnée par les professionnels du secteur comme Paprec. "Concernant le recyclage, on a également fait de grandes avancées. Je peux vous garantir que 98% de ce que vous allez mettre dans votre bac jaune va être recyclé", affirme Jean-Luc Petithuguenin. "Je ne veux pas relayer de message désespéré car ce n’est pas la réalité : la France est au meilleur niveau dans ce domaine. Quand les citoyens font l’effort de trier chez eux, derrière c’est recyclé. Votre bouteille plastique, un jour, sera une nouvelle bouteille plastique", martèle-t-il.
Un secteur d’avenir. Le PDG de Paprec regarde désormais vers le futur et envisage un monde qui recyclera toujours plus ses déchets. "Au 20ème siècle, on a extrait des matières premières et on les a jetées bêtement. La grande révolution du 21ème siècle, c’est qu’on va produire de plus en plus à partir de matières recyclées", avance-t-il. "Au tournant de l’an 2000, on a commencé à produire du papier avec plus de fibres recyclées que de bois. Ce sera bientôt vrai pour toutes les matières, dans le monde entier, à commencer par l’aluminium, l’acier, etc." Une évolution qui permettra "à tous les pays d’accéder à un mode de consommation plus élevé, sans pour autant ruiner la planète car les ressources sont limitées".
Plus de recyclage, cela veut aussi dire plus d’activité pour les entreprises comme Paprec. Pour attirer les jeunes actifs, Jean-Luc Petithuguenin souhaite "effacer les caricatures" sur les emplois du secteur de la collecte et du recyclage et des déchets. "Chez Paprec, nous avons 28% de cadres et d’agents de maîtrise contre seulement 8% d’emplois non-qualifiés. Le salaire minimum dans l’entreprise, c’est le Smic plus 150 euros et le 13ème mois. La rémunération moyenne des ouvriers est de 2.350 euros", énumère-t-il. Des arguments convaincants, d’autant plus que le secteur a de l’avenir.
Paprec, sponsor d’une équipe de football… américain
Si le nom de Paprec est associé depuis longtemps au monde de la voile, on sait moins que l’entreprise sponsorise aussi l’équipe de football américain des Flash de La Courneuve, la plus titrée en France. Jean-Luc Petithuguenin a découvert l’équipe de banlieue parisienne "en lisant L’Équipe". "En apprenant qu’ils étaient champions de France depuis plusieurs années, j’ai eu envie de participer à ça. Le fait que le rêve, à La Courneuve, soit de participer à ce sport-là, et pas de faire du deal de drogue ou autres conneries, ça me donne envie de l’encourager", raconte-t-il. "C’est ma façon à moi d’aider cette ville qui a accueilli ma première usine en 1994."