C'est une victoire de plus pour le clan Kerviel. Selon le quotidien Les Echos, l'administration fiscale, a décidé de contester le crédit d'impôts dont a bénéficié la Société Générale au moment de l'"affaire Kerviel". A l'époque, la banque avait profité de 2,2 milliards d'euros de ristourne au titre d'un régime accordé aux entreprises déficitaires, lorsque tous les torts de la fraude étaient attribués à l'ancien trader. Mais depuis la décision de la cour d'appel de Versailles de reconnaître une part de responsabilité de la Société Générale, les données du problème ont changé. Un revirement dont s'est félicité Jérôme Kerviel, invité du Club de la Presse d'Europe 1, lundi soir.
"La fin de l'impunité des banques". "J'ai envie de dire bravo à Michel Sapin (ministre des Finances, ndlr), bravo à François Hollande et bravo à l'administration fiscale", a réagi l'ancien trader. "Cela signe la fin de l'impunité des banques, ça fait plusieurs années que je le clame, que je mobilise de nombreux députés et sénateurs sur le sujet". Pour l'ancien trader, la motivation principale de cette décision n'est pas politique : "ce combat, que ce soit Jean-Luc Mélenchon, Julien Bayou (porte-parole d'Europe Ecologie-Les Verts, ndlr), ou des gens de droite comme Nicolas Dupont-Aignan, s'en sont emparés depuis plusieurs années. Aujourd'hui ça porte ses fruits, même si l'approche de l'élection présidentielle a peut-être eu un impact sur cette décision."
Une "part de responsabilité". Fort de cette victoire, Jérôme Kerviel entend désormais porter le jugement de la cour d'appel de Versailles - qui réduisait les dommages et intérêts qu'il doit de 4,9 milliards à un million d'euros - en cassation. "A l'époque, on avait décidé avec mon avocat de ne pas se pourvoir, et de porter le combat sur la cour de révision et les plaintes en instruction au pôle financier de Paris", explique-t-il. L'ancien trader conteste également sa condamnation pénale pour abus de confiance, qui induit que ses supérieurs n'étaient pas au courant de ses agissements, tout en reconnaissant sa "part de responsabilité d'avoir participé à un système amoral".
"Sûrement pas de la télé". Une responsabilité liée à un certain aveuglement, selon l'ancien trader. "Je bossais de 6h30 le matin à 1h30 le lendemain matin, et ça pendant trois ans, dans un métier qui me paraissait être une réussite. Il y avait une forme de servitude, de loyauté à l'égard de mon employeur", raconte-t-il. "La prison et les différents procès m'ont ouvert les yeux", poursuit Jérôme Kerviel, reconnaissant être passé par des phases très violentes. "Il y a des moments où j'ai failli me suicider. Ils m'ont finalement endurci", confie-t-il. Une fois son combat judiciaire achevé, il entend "partir à l'étranger, essayer de (se) reconstruire pour retrouver l'anonymat qui (lui) manque tant. Ca ne sera pas quelque chose de visible, ça ne sera sûrement pas de la télé."