Cela n’a pas toujours été le cas alors autant s’en réjouir : les grandes banques françaises se portent bien après une année 2016 globalement satisfaisante. Les six groupes français ont dégagé en cumulé 23,5 milliards d’euros de bénéfices l’an dernier, 660 millions de plus qu’en 2015 (+2,9%). Une performance d’autant plus remarquable que de nombreuses banques européennes ont affiché des pertes importantes sur la même période.
BNP, champion français. Dans le détail, BNP Paribas reste la première banque française. En 2016, son produit net bancaire (la valeur ajoutée crée par le groupe) a grimpé de 1,1% à 43,4 milliards d’euros. Quant à son résultat net part du groupe (équivalent des bénéfices pour les entreprises classiques), il a bondi de 15,1%, à 7,7 milliards d’euros.
Des résultats hétérogènes. Derrière la BNP, les cinq autres groupes bancaires peuvent également se targuer de ne pas avoir subi de pertes en 2016. Néanmoins, toutes les banques ne sont pas logées à la même ancienne. Alors que BPCE et le Crédit Mutuel affichent des résultats en nette progression par rapport à 2015, le Crédit Agricole, la Société Générale et la Banque Postale reculent. Mais les hausses font plus que compenser les baisses. Un chiffre pour relativiser toutefois ce bon résultat global : en 2016, la banque américain JP Morgan a engrangé un bénéfice de 26,3 milliards d’euros, plus que les six groupes français cumulés.
Contexte défavorable. En 2015, les profits des banques françaises avaient retrouvé leur niveau d’avant crise mais le contexte économique et international de 2016 ne semblait guère propice à des résultats mirobolants : marchés tumultueux en début d’année, Brexit, maintien de taux d’intérêts très bas qui rognent les marges des banques…
Les banques européennes en souffrance. Des événements qui ont chahuté de nombreux champions européens. Royal Bank of Scotland (RBS) affiche un déficit de 7 milliards, la Deutsche Bank perd moins qu’en 2015 mais perd toujours (1,4 milliard), HSBC a vu son bénéfice net chuter de 82% (de 13,5 à 2,5 milliards d’euros en un an)… Quant aux banques italiennes, elles sont toujours en souffrance, gangrenées par 350 milliards d’euros de créances douteuses. Exemple parmi d’autres : UniCredit a perdu 11,8 milliards d'euros l’an dernier. Résultat, l’État italien doit recapitaliser plusieurs établissements bancaires.
Diversification des revenus. Les banques françaises s’en sont mieux sorties que la plupart des autres grands acteurs bancaires européens pour deux raisons. D’abord, car elles ont misé sur les services annexes à leur cœur de métier en tant que banques de financement et d’investissement. Assurance, gestion d’actifs et même location de véhicules longue durée leur ont permis de trouver des relais de croissance diversifiés, note Les Echos. Des activités qui leur ont permis de compenser les faibles taux d’intérêts, en attendant une probable remontée cette année.
Deuxième raison : le lancement de transformations internes qui passent par l’automatisation et la digitalisation des banques de détail. Objectif : réduire les coûts des agences bancaires, car l’activité de détail n’est pas au mieux. Chez BNP Paribas, cette activité a chuté de 36% l’an dernier. Une récente étude du cabinet Deloitte estime que la robotisation permettrait de diviser par neuf les coûts des banques.
Des résultats liés aux économies. Parmi les banques engagées dans ce processus de réduction des coûts, BPCE a annoncé lors de la publication de ses résultats sa volonté de mieux utiliser les outils numériques. Mais le projet s’intègre dans un plan d’un milliard d’euros d’économie qui implique des coupes budgétaires. Résultat, le groupe entend fermer 400 de ses 7.500 agences (Caisse d’Epargne et Banque Populaire). BPCE anticipe 11.000 départs, dont une bonne partie de non-remplacements de départs à la retraites, dans les années à venir. Signe que si les comptes sont dans le vert, cela ne veut pas pour autant dire que tout va bien en interne.