La Banque de France prévoit une baisse de la charge de la dette d'ici à 2021, ce qui devrait représenter une économie de 10 à 12 milliards d'euros, selon les informations des Échos mardi. Une somme qui correspond au budget des mesures d'urgence pour redonner du pouvoir d'achat aux Français, réclamées par les militants des "gilets jaunes". Daniel Fortin, rédacteur en chef aux des Echos, détailles ces économies.
D'où vient ce miracle qui va redonner de l'oxygène budgétaire au gouvernement ?
Il vient des taux d'intérêts. Malgré toutes les craintes des économistes, ils ne remontent pas et restent même très bas. Donc la charge de la dette, c’est-à-dire les remboursements des emprunts que l'État a contractés, nous coûte de moins en moins chers. Ils représentent 42 milliards d’euros par an cette année.
Mais selon une étude de la Banque de France, ces remboursements devraient tomber à 32 milliards d'euros d'ici à 2021, soit une baisse de 10 milliards par rapport à ce qu'avait anticipé le gouvernement. Et cette somme correspond à celle qu’Emmanuel Macron avait mise sur la table pour tenter de calmer les "gilets jaunes", faisant ainsi déraper le déficit de la France. Une ardoise qui s'est quasiment effacée en quelques semaines.
Que va faire le gouvernement de cette économie ?
Il devrait profiter de ce contexte favorable de taux bas pour réduire son train de vie, réduire son déficit ou investir. Mais en France, à chaque fois qu’un semblant de cagnotte se présente, ce sont toujours les deux même réflexes qui se produisent : soit on s'en sert pour financer des dépenses de fonctionnement, soit on cède aux revendications de telle ou telle catégorie de la population qui estime que l'État a les poches profondes. On risque donc une fois de plus de ne pas échapper à cette tentation de satisfaire tel ou tel électorat, surtout en période de forte tension sociale comme aujourd'hui.
Sommes-nous sûrs que les taux d’intérêt ne vont pas remonter un jour ?
Non, mais à court terme les choses se présentent bien. Compte tenu de la dégradation en cours de la conjoncture dans la zone euro, la Banque centrale européenne (BCE), qui module du niveau des taux, a décidé de ne pas les remonter pour l'instant. Elle veut à tout prix éviter d'étrangler encore davantage l’économie et ça risque de durer encore quelques temps.