La guerre en Ukraine met déjà à mal la confiance des chefs d'entreprises et des ménages, a estimé mercredi l'Insee, illustrant les incertitudes que fait peser le conflit sur l'économie française et ses répercussions sur l'inflation, qui devrait dépasser les 4% en mars. La guerre provoque "un choc de prix, d'incertitude et de confiance", a résumé Julien Pouget, chef du département de la conjoncture à l'Insee, lors d'une présentation de la dernière note de conjoncture de l'Institut national de la statistique.
La crainte d'une baisse du niveau de vie en France
Dans cette note, et une fois n'est pas coutume, l'institut a dévoilé les premiers résultats de ses dernières enquêtes sur l'évolution du moral des ménages et du climat des affaires. Réalisées entre le 25 février et le 14 mars, elles montrent une chute des perspectives d'activité des entreprises, en particulier dans l'industrie, la crise attisant l'inflation et les difficultés d'approvisionnement de certaines matières premières.
De même, les ménages craignent une baisse du niveau de vie en France et une dégradation de leur situation financière, alors que traditionnellement les enquêtes réalisées juste avant une élection présidentielle sont propices à l'optimisme. L'Insee estime ainsi que l'inflation devrait dépasser les 4% sur un an en mars après avoir atteint 3,6% en février, du fait notamment de l'accélération de la flambée des prix de l'énergie, même si les mesures mises en place par le gouvernement la contiennent un peu.
Des prévisions au deuxième trimestre encore hypothétiques
Au deuxième trimestre elle pourrait encore grimper autour de 4,5% en glissement annuel, mais l'Insee précise que ces prévisions reposent sur l'hypothèse d'un prix du baril de pétrole à 125 dollars, soit son niveau atteint au tout début du mois de mars, alors qu'il a reflué depuis. L'Insee se montre prudent sur ses prévisions économiques, et ne se risque plus à anticiper le niveau de la croissance du deuxième trimestre. Elle l'attendait jusqu'ici à 0,6%.
Aux incertitudes liées à l'évolution du conflit en Ukraine et à ses conséquences, s'ajoutent celles sur l'épidémie de Covid-19, qui reprend de la vigueur en Chine, explique l'institut. Il confirme en revanche sa prévision de croissance de 0,3% pour le premier trimestre, qui reposerait essentiellement sur la reconstitution de leurs stocks par les entreprises, tandis que la consommation des ménages devrait reculer de 0,5% et leur pouvoir d'achat de 1,4%. L'Insee prévoit aussi un ralentissement de l'emploi salarié, avec 15.000 créations attendues, contre +35.000 dans sa précédente prévision, et un taux de chômage qui se stabiliserait à 7,4% à la fin mars.