Réduire ses exportations pour éviter la chute des prix liée à la baisse de la demande. C'est ce qu'a décidé l'Arabie saoudite, dimanche, avec une baisse prévue d'environ 500.000 barils/jour de moins en décembre par rapport à novembre. Directeur du Centre de géopolitique de l'énergie et des matières premières et invité d'Europe 1, lundi, le professeur d'économie à Paris-Dauphine Patrice Geoffron juge cette décision logique.
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Double phénomène de remontée des cours et de hausse des taxes. Avec cette remontée anticipée des cours, la facture va-t-elle s'alléger pour les automobilistes ? Elle intervient en tout cas dans un moment de contestation sociale : "La difficulté dans laquelle nous sommes, tout particulièrement en France, c'est que la montée des taxes et de la fiscalité sur les produits pétroliers s'ajoutent à ce phénomène [de remontée des cours], d'où les tensions que nous observons depuis quelques semaines", analyse Patrice Geoffron. Et qui sont à l'origine de la manifestation de samedi contre la hausse de la fiscalité sur les carburants.
Se coaliser pour faire remonter les prix. En attendant, les taxes permettent "d'amortir l'effet de yoyo, en partie", tempère le spécialiste. Cette grande variation des prix intervient d'ailleurs après des décisions telles que celle prise par l'Arabie saoudite. "C'est un mécanisme classique. D'ailleurs, l'Opep a été constituée pour ça", explique le spécialiste, invité d'Europe 1 lundi.
Pourtant, "l'Opep n'était pas parvenue en 2014 à empêcher l'effondrement du prix du pétrole, descendu aux alentours de 30 dollars le baril. Pour faire remonter les cours, l'Opep a essayé de se coaliser avec d'autres producteurs, notamment la Russie. C'est ce qui a permis de faire remonter le prix du baril aux alentours de 80 dollars en 2018."
Les États-Unis, élément perturbateur. Cette année, la donne devrait être plus compliquée pour réguler le marché avec le comportement perturbateur des États-Unis, "qui produisent beaucoup" : "Donald Trump, via sa politique internationale en particulier vis-à-vis de l'Iran, perturbe le marché, d'où la grande indétermination à l'heure actuelle", analyse Patrice Geoffron. Difficile, dans ces conditions, de prévoir avec finesse la courbe des prix du pétrole dans les prochains mois, alors que les cours du pétrole ont chuté de 20% en un mois après avoir culminé, début octobre, à leur plus haut point depuis quatre ans.