Le budget des collectivités n'est «pas acceptable» selon le collectif «France urbaine»

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avec AFP / Crédit photo :Ludovic MARIN / AFP
La ponction sur les recettes des plus grandes collectivités pour réduire le déficit public de l'État n'est "pas acceptable" et est "dangereuse pour le pays", a déclaré vendredi Johanna Rolland, présidente de France urbaine, association qui représente les grandes villes et intercommunalités.

Le projet de loi de finances 2025, récemment présenté par le gouvernement, suscite de vives réactions au sein des grandes collectivités locales. Johanna Rolland, présidente de France urbaine et maire de Nantes, a exprimé son opposition à la contribution de 5 milliards d'euros demandée aux collectivités pour réduire le déficit public de l'État. Selon elle, cette mesure est non seulement "inacceptable", mais également "dangereuse pour le pays".

Une ponction perçue comme une injustice

Dans le cadre du projet de loi de finances, le gouvernement propose que les communes, intercommunalités, départements et régions contribuent à hauteur de 5 milliards d’euros à l’effort budgétaire national. Cette somme vise à ramener le déficit public de 6,1 % à 5 % du PIB en 2025. Johanna Rolland a vivement critiqué cette décision, expliquant que l'État fait peser une "injuste part" de son effort sur les collectivités locales, sans concertation préalable avec les élus concernés.

Le montant de cette contribution, qui correspond à 2 % des recettes de fonctionnement des grandes collectivités, a été jugé "trop élevé" par la présidente de France urbaine. Pour elle, cette ponction est une atteinte grave à l'autonomie financière des collectivités et pourrait menacer leur capacité à fournir des services publics de qualité.

Un calendrier problématique pour les collectivités

L’autre source de mécontentement provient du calendrier imposé par le gouvernement. La plupart des grandes villes ont déjà bouclé leur budget pour 2025, rendant difficile l'intégration de cette nouvelle contrainte financière. Johanna Rolland a comparé la situation à un match de football dont on changerait les règles "à deux minutes de la fin", soulignant le manque de prévisibilité et la difficulté pour les élus de réagir dans un laps de temps aussi court.

Des concertations insuffisantes avec les élus

Le manque de dialogue entre le gouvernement et les élus locaux est un autre point de friction. La ministre du Partenariat avec les territoires, Catherine Vautrin, a reconnu que les concertations traditionnelles n'avaient pas eu lieu. Elle a cependant assuré que le texte présenté n’était qu’une "version 1" et que des ajustements pourraient encore être faits, notamment en ce qui concerne les 450 grandes collectivités visées par la mesure. La ministre a également indiqué que certains critères, comme l'indice de fragilité des communes, pourraient permettre d’exclure certaines collectivités de la liste.

Le président de la métropole lyonnaise, Bruno Bernard, a également exprimé sa colère face à ce qu'il qualifie de "coup de poignard dans le dos". Il s'inquiète des conséquences de cette baisse de recettes, qui survient sans discussion préalable avec les élus. Selon lui, les collectivités locales risquent de se retrouver dans une situation financière difficile, notamment en raison des effets de l’inflation et des coupes budgétaires, telles que la réduction d’1,5 milliard d'euros dans le fonds vert.

Des efforts budgétaires inégaux

Du côté du gouvernement, on assure que l’effort demandé aux collectivités est proportionné. Selon le ministère, les 5 milliards d’euros représentent 12,5 % de l’effort global d’économies, alors que les collectivités locales comptent pour 20 % de la dépense publique totale. Les élus locaux, pour leur part, estiment que cet effort pourrait en réalité atteindre 9,5 milliards d’euros, compte tenu des effets de l’inflation et des réductions dans les budgets de soutien, comme le fonds vert.