Le géant pétrolier Total été condamné vendredi à Paris à 500.000 euros d'amende pour "corruption d'agent public étranger" en marge de la signature d'un énorme contrat gazier en Iran en 1997.
Jugé pour des pots-de-vin de 30 millions de dollars. Total était jugé pour avoir versé 30 millions de dollars (soit 26 millions d'euros au taux de décembre 2018) de pots-de-vin à des intermédiaires entre 2000 et 2004, en lien avec l'obtention de ce contrat concernant le champ gazier de South Pars, dans le Golfe persique, sur fond d'embargo américain.
Le parquet avait demandé sa condamnation à l'amende maximale, 750.000 euros, et surtout à une lourde peine complémentaire, la confiscation sur les comptes de la multinationale de 250 millions d'euros équivalant au "produit de l'infraction". Les avocats du pétrolier, qui avaient demandé la nullité des poursuites, puis plaidé sa relaxe, affirmant notamment que le délit de "corruption" n'était pas constitué, n'ont pas souhaité s'exprimer à l'issue du délibéré.
Plus qu'un seul prévenu. Le groupe français est le seul prévenu restant dans ce dossier ancien, parmi les trois hommes qui étaient poursuivis, l'ancien PDG de Total Christophe de Margerie et un intermédiaire iranien sont morts. Un second intermédiaire iranien, Abbas Yazdi, est présumé mort, mais en l'absence d'acte de décès, le tribunal l'a condamné à quatre ans de prison.
Deux contrats concernés. L'enquête, ouverte en 2006 en France, portait initialement sur deux contrats : le contrat gazier South Pars de 1997, d'une valeur de deux milliards de dollars, mais aussi un contrat conclu en juillet 1995 pour l'exploitation des champs pétroliers iraniens de Sirri A et E, également dans le Golfe.
Seulement les commissions versées après 2000 sont concernées. En marge de ces deux accords, Total est soupçonné d'avoir versé au total 60 millions de dollars (soit 52 millions d'euros) de pots-de-vin entre 1995 et 2004 via des intermédiaires et une société-écran, Baston Limited, à destination d'un fils de l'ancien président Rafsanjani, haut placé dans le secteur pétrolier public iranien, sous couvert de contrats de "consulting". La multinationale n'est jugée que pour les commissions versées après 2000, après l'entrée en vigueur de la loi sur la corruption d'agents publics étrangers : 30 millions de dollars, liés uniquement au contrat South Pars.