Le gouvernement fronce les sourcils face à PSA. La ministre du Travail et le ministre de l’Economie ont demandé vendredi soir au constructeur français de renoncer à son projet de faire venir de Pologne près de 300 salariés du groupe pour travailler pendant une période de trois mois dans l’usine PSA d’Hordain, dans le Nord. Pour le gouvernement, il faut protéger l’emploi en France, en l’occurrence l’emploi des intérimaires français qui travaillent dans l’usine d’Hordain.
"Tout faire pour protéger l’emploi en France"
C’est par un coup de téléphone vendredi en début de soirée que Muriel Pénicaud et Bruno Le Maire ont fait comprendre à la direction de PSA que son initiative est malvenue. "Dans la situation actuelle, considèrent les deux ministres, les entreprises doivent tout faire pour protéger l’emploi en France". La polémique avait pris de l’ampleur, ces deux derniers jours, après l’annonce du choix par la direction de l’usine d’Hordain de faire venir près de 300 salariés polonais du groupe PSA pour une période de trois mois, plutôt que de faire appel aux intérimaires qui travaillent habituellement dans cette usine française.
Les syndicats étaient aussitôt montés au créneau, mais la direction avait justifié sa décision en affirmant que "sa responsabilité est de trouver des solutions pour donner de l’activité aux salariés du groupe". Et d'ajouter que "les mobilités temporaires entre sites s’inscrivant dans une forme de solidarité industrielle". L’argument n’a pas convaincu le gouvernement. La direction de PSA, pour l’instant, garde le silence.
"Ce n'est pas une victoire"
"On verra si PSA accède aux demandes du gouvernement. Cela permettra aux intérimaires de reprendre le chemin du travail. Mais il n'empêche que les intérimaires doivent être embauchés. PSA ne renoncera pas à son projet de vouloir faire des salariés du groupe des nomades de l'industrie automobile", juge Franck Théry, secrétaire général de la CGT PSA d'Hordain. Selon lui l'entreprise "veut créer une plateforme internationale, pour faire tourner l'ensemble des salariés et les faire travailler là où Tavares a décidé. Aujourd'hui ce n'est pas une victoire : le gouvernement a demandé à PSA de renoncer à son projet, on verra sa réponse, mais son projet elle l'a depuis longtemps et elle voudra appliquer sa stratégie un jour ou l'autre", dit-il.