"Le monde est fait d'herbivores et de carnivores". C'est par cette métaphore qu'Emmanuel Macron a souhaité provoquer un sursaut chez ses alliés pour plus d'autonomie stratégique lors d'une réunion à Budapest de la Communauté politique européenne, créée par le président il y a deux ans.
"Ce serait pas mal de choisir d'être des omnivores"
"Si on décide de rester des herbivores, les carnivores gagneront. Je pense qu'au moins, ce serait pas mal de choisir d'être des omnivores". En d'autres termes, l'Europe est trop naïve et il est urgent de réagir. À l'ouest, il y a les États-Unis, qui favorisent les produits fabriqués sur leur sol à coups de milliards de dollars d'argent public. Et à l'est, il y a la Chine, qui exporte massivement des produits fabriqués à bas coût grâce également à des aides publiques.
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Deux puissances carnivores et entre elles, l'Europe herbivore. Un marché ouvert où les aides publiques sont plus faibles, difficilement mobilisables et où la règlementation est plus forte pour les entreprises du continent. Dans ces conditions, impossible de faire jeu égal et l'élection de Donald Trump pourrait bien aggraver les choses. Une augmentation des droits de douane sur les produits chinois pourrait pousser Pékin à concentrer ses exportations vers l'Europe.
Les risques de voir les cas Michelin se multiplier seraient alors grands. Si le manufacturier ferme ses usines de Vannes et de Cholet, c'est parce que les pneus chinois, moins chers, sont entrés librement en Europe. Et ce qui est vrai pour le pneu l'est à peu près pour tout.