A trois mois du début des grandes vacances d’été, il est conseillé de commencer à se préoccuper de ses billets de transport, surtout pour les voyageurs qui feront le choix de l’avion. Mais même en anticipant, la quête du prix le moins cher est compliquée : non seulement les prix ne cessent de varier d’un jour à l’autre et même au cours de la même journée, mais les frais annexes peuvent aussi sensiblement alourdir la facture.
Le prix d’un billet change 250 fois en moyenne. L’époque où les compagnies aériennes proposaient des tarifs fixes et uniques est bel et bien révolue : depuis la généralisation du "yield management", la "gestion fine" en français, les tarifs varient d’un jour à l’autre en fonction de la demande, de la période ou encore du remplissage des avions.
Si les consommateurs sont désormais conscients de cette grande variabilité des tarifs, leur instabilité est souvent sous-estimée : un billet d’avion change en moyenne 250 fois de prix pendant sa mise en vente, selon une étude publiée mi-avril par le comparateur en ligne Algofly à partir de ses ventes sur l’année 2015. Les tarifs varient donc souvent mais aussi beaucoup : cette étude montre que prix d’un même billet peut aller du simple au quintuple selon le moment d’achat.
Le consommateur joue donc à la roulette russe lorsqu’il effectue ses recherches et attendre la dernière minute n’est pas la solution : 90% des meilleurs tarifs sont relevés entre 155 et 28 jours avant la date de départ.
Et les voyagistes en ligne n’arrangent rien. Comme si cela ne suffisait pas, même après avoir choisi sa date de départ, l’incertitude domine encore si vous passez par un voyagiste tel que eDreams, Lastminute, Opodo ou encore Promovacances. Car ces derniers affichent rarement le prix final que paiera vraiment le consommateur : juste avant d’effectuer le paiement, des frais apparaissent et peuvent sensiblement alourdir la note. Le quotidien Le Parisien s’est penché dans son édition de lundi sur ces frais de dossier, de gestion et de moyen de paiement, et ils ne sont pas anodins.
Les voyagistes proposent en effet des tarifs différents selon le type de carte bancaire utilisée : ainsi, pour payer le même billet chez eDreams, le détenteur d’une carte American Express devra débourser 35% de plus que le titulaire d’une carte Visa ou Mastercard. L’écart atteint même 45% par rapport aux utilisateurs d’une carte Viabuy Mastercard : selon la carte bancaire utilisée, le prix varie de 1.221 à 1.773 euros.
Même constat chez Opodo, où la facture pour un même billet peut varier de 52% selon la carte bancaire utilisée : une nouvelle fois, les détenteurs d’une Americain Express paient bien plus cher que les autres. Résultat, les prix très intéressants affichés en début de recherche ne sont le plus souvent valables que pour les titulaires de cartes bancaires avec accord préalable (Viabuy Mastercard ou Visa Entropay), alors même que ce type de carte est peu répandu en France. Au final, passer directement par une compagnie aérienne permet souvent d’obtenir les mêmes prix, sans surprise tarifaire de dernière minute.
L'UFC Que Choisir dénonce ce qui ressemble à une "pratique commerciale de déloyale". "Soi-disant, les agences ont des partenariats avec certaines sociétés de paiement, ce qui fait qu'ils ont des réductions sur certains moyens de paiement. Mais ce sont des moyens de paiement que pratiquement personne n'a. Ils vont alors vous présenter un prix plus bas que celui que vous allez avoir si vous payer avec une carte classique, une Visa, une MasterCard, etc. Par exemple, on vous affiche un prix à 122 euros et puis lorsque vous changez le moyen de paiement, vous passez à 158 euros", a résumé Nicolas Godfroy, de UFC Que Choisir, lundi sur Europe 1.
Et ce dernier de poursuivre : "Il semblerait que certaines agences cumulent : si vous réservez un voyage pour trois personnes, vous réservez trois billets aller-retour, et en fait on va vous compter semble-t-il trois fois des frais. Ce qui fait un petit 100 euros de différence entre le prix affiché et le prix payé. On pourrait dans certains cas caractériser cette pratique commerciale de déloyale, c'est-à-dire un délit pénal".