Ils sont plus de 7.000 à parcourir les rues des grandes villes de France, à vélo, leur gros cube sur le dos contenant le repas des clients. Les livreurs Deliveroo, plateforme numérique de livraison de repas, sont en grève vendredi. Ils vont manifester à 19h, place de la République, à Paris, pour dénoncer leurs conditions de travail. Quels sont leurs griefs ? Jérôme Pimot, le créateur du collectif des livreurs autonomes de Paris, était vendredi l'invité d'Europe 1.
Au cœur de la grogne : un changement de rémunération. "Notre travail repose sur un abus de notre statut d'autoentrepreneur, qui ressemble étrangement à du salariat déguisé et permet aux plateformes de faire ce qu'elles veulent avec les tarifications", dénonce le livreur au micro d’Europe 1. Au cœur de la grogne : le changement de rémunération imposée fin juillet par Deliveroo aux "bikers", nom que la société donne à ses livreurs, qui se déplacent tous à vélo.
Auparavant, les livreurs avaient le choix : être payés à l’heure (7,50 euros de l'heure, avec une prime entre 2 et 4 euros par course) ou être payé à la course, (5 euros par course, et 5,75 euros à Paris). Mais depuis fin juillet, les "bikers" n’ont plus le choix : c’est cette dernière option qui leur est imposée.
Pour justifier cette décision, la direction de la plateforme numérique met en avant l'augmentation de la demande des clients et la volonté de certains des livreurs d’avoir plus de "flexibilité". "L'entreprise explique que l'augmentation de la demande, combinée au paiement à la course, permettra aux ‘bikers’ d'augmenter leur revenu horaire en effectuant davantage de livraisons, quand ils le souhaitent", résume La Tribune. Et de poursuivre : "Deliveroo rappelle également qu'au cours des trois derniers mois, les livreurs rémunérés à la course ont vu leur chiffre d'affaires augmenter de 7%".
"Les plateformes numériques veulent casser le Code du travail". Mais pour voir son chiffre d’affaires augmenter en étant payé à la course, il faut en faire beaucoup, des courses. Or, tous les livreurs n’en ont pas forcément le temps ni l’énergie. "Le travail d’un livreur Deloveroo à temps plein, c’est 7 à 8 heures de vélo par jour, 50, 60 km parcourus", explique Jérôme Pimot. Selon lui, en moyenne, c’est plutôt une "baisse de 30% de la rémunération" qui attend la majorité des "bikers". Il l’assure : les plateformes numériques qui emploient des livreurs à vélo "veulent casser le coût du travail, le diviser quasiment par deux, avec l’objectif de se faire de l’argent. Le tout pour un travail en vélo dans la ville, qui est hyper dangereux".
En employant uniquement des livreurs sous le statut d’autoentrepreneur, Deliveroo se donne en effet la liberté de fixer ses tarifs, tout en évitant de payer des cotisations sociales. Une situation qu’entendent bien renverser les "bikers", vendredi, en donnant de la voix place de la République.