Les cheminots «ne sont pas des machines» : pourquoi les plannings de la SNCF crispent-ils autant les syndicats ?
La CGT-Cheminots et SUD-Rail appellent les conducteurs et les contrôleurs à faire grève au début du mois de mai prochain. Parmi les revendications, une hausse de la rémunération, et un changement de l'organisation du travail. Pourquoi ce dernier point crispe-t-il autant les salariés ? Europe 1 fait le point.
Un mois de mai à nouveau propice aux grèves à la SNCF. La CGT-Cheminots appelle les contrôleurs à stopper le travail à compter du 5 mai prochain. Début avril, c'est le syndicat SUD-Rail qui avait appelé les conducteurs de train à faire grève le 7 mai, et les contrôleurs à lever le pied les 9, 10 et 11 mai, à l'occasion du pont du 8-Mai. Dans les revendications des grévistes, une revalorisation de la prime, et un changement des paramètres du logiciel d'organisation du travail.
"Un logiciel d'optimisation" pointé du doigt
Pourquoi ce dernier point est-il régulièrement dans le viseur des syndicalistes ? "Des collègues sont en horaires décalés, et on décale ces horaires en permanence", résume Fabien Villedieu, délégué syndical de SUD-Rail, dans l'émission Pascal Praud et vous. Celui-ci explique que le planning des cheminots est déterminé par "un logiciel d'optimisation", "pour pouvoir faire des gains de productivité", avance-t-il sur Europe 1.
Selon le syndicaliste, un nouveau logiciel a été mis en place. "Le problème, c'est qu'il ne prend pas en compte que (les cheminots) ne sont pas des machines, ce sont des êtres humains", lance Fabien Villedieu. Ces salariés "travaillent en horaires décalés, avec des horaires qui ne sont jamais les mêmes. Ce logiciel d'optimisation peut modifier vos journées quasiment 24 heures avant, et c'est ce qui se pratique. Ça pourrit la vie des collègues", souffle le syndicaliste, qui ne pointe pas un manque de compétence de sa hiérarchie mais plutôt l'existence d'un tel logiciel.
Et Fabien Villedieu de prendre un exemple concret pour appuyer la revendication des syndicats : "Si un collègue a une matinée prévue, et que finalement 24 heures avant, sa matinée saute pour faire (à la place) un après-midi, cela change toute sa vie. Il pouvait éventuellement aller chercher ses enfants à l'école, avoir un rendez-vous médical, ou simplement une activité sportive."
Un outil de gestion des plannings "le plus utilisé dans le monde des transports"
Une vie familiale et sociale complètement chamboulée, poursuit le syndicaliste. Contacté par Europe 1, SNCF Voyageurs défend la mise en place de cet outil de gestion des plannings qui est "le plus utilisé dans le monde des transports en matière de gestion des commandes". Prenant en compte les contestations des syndicalistes, la direction dit avoir fait "des avancées concrètes concernant cet outil de gestion et concernant les plannings" et affirme poursuivre le dialogue social dans le but d'éviter la grève.
Pour le moment, les deux parties n'ont pas réussi à se mettre d'accord sur la question des emplois du temps. La direction de la SNCF a promis mercredi 23 avril une visibilité à six mois sur les jours de repos. Pas assez pour les syndicats, qui aimeraient également plus de visibilité sur les horaires de travail lors des journées de service. Tout cela laisse planer la possibilité d'une semaine émaillée de grèves dans les transports à partir du 5 mai.