L'Assurance maladie et les syndicats de médecins débutent jeudi une négociation sur la télémédecine, que le gouvernement a décidé d'ajouter à la liste des actes remboursés par la Sécu au niveau national, après des années d'expérimentations locales.
Début des négociations jeudi. Leur première consultation ne se fera pas à distance : pour discuter télémédecine, les cinq syndicats représentatifs des médecins libéraux (CSMF, FMF, SML, MG France, Le Bloc) ont rendez-vous jeudi à 17 heures au siège parisien de la Caisse nationale d'Assurance maladie des travailleurs salariés (Cnamts).
Quelles modalités et à quel prix ? La négociation doit donc fixer les modalités pratiques et les tarifs de la téléconsultation (un examen médical par visioconférence) et de la télé-expertise (une demande d'avis entre praticiens). Les discussions ne porteront en revanche pas sur la télésurveillance, utilisée pour le suivi des malades chroniques.
Une téléconsultation à 25 euros ? "Un avis ponctuel et court doit être valorisé au minimum sur le tarif de la consultation de base", soit 25 euros, voire davantage "pour un examen approfondi sur la base d'un dossier complet", estime le président de la CSMF, Jean-Paul Ortiz, qui demande également "des aides à l'équipement et à la formation".
Du côté des médecins généralistes, MG France revendique la prise en compte du "téléconseil", c'est-à-dire des "coups de fil" passés "au quotidien" à leurs patients, selon le président du syndicat Jacques Battistoni, qui veut aussi être "rémunéré au même niveau" que les spécialistes pour la télé-expertise.
S'inscrire dans le "parcours coordonné". "Une téléconsultation a vocation à être rémunérée comme une consultation classique", affirme le directeur de l'Assurance maladie, qui considère par ailleurs que la télémédecine "doit s'inscrire dans un parcours coordonné" et il sera pour cette raison "attentif à ce que la place du médecin traitant soit respectée". Des positions conformes aux recommandations de la ministre de la Santé Agnès Buzyn, qui avait toutefois ouvert la porte à des "incitations spécifiques" pour certains médecins et à des actes en situation d'urgence.
Lutter contre les déserts médicaux. Le gouvernement mise sur le développement de la téléconsultation, érigée en pilier de son plan de lutte contre les déserts médicaux. Ses prédictions budgétaires tablent sur 500.000 actes en 2019, un million en 2020, puis 1,3 million en 2021. L'ambition peut paraître modeste, mais le pari est loin d'être gagné : moins de 260.000 actes de télémédecine - de toutes sortes - ont été réalisés en 2015, selon la Cour des comptes. Pour cette nouvelle négociation, "je me donne trois mois", indique le patron de la Sécu, qui envisage une entrée en vigueur "entre l'été et la fin de l'année".