Les exportations d'armement français ont reculé de moitié en 2017 à 6,9 milliards d'euros, après deux années fastes en 2015 et 2016, dopées par de gros contrats pour le chasseur Rafale, selon le rapport annuel du ministère des Armées.
"Le bilan de l'année 2017, avec 6,9 milliards d'euros, indique des prises de commandes dans la moyenne des années antérieures aux contrats export Rafale", souligne ce rapport, transmis au Parlement avec un mois de retard et que la ministre Florence Parly doit commenter devant les députés mercredi. Les ventes françaises d'armement avaient grimpé en 2015 à un chiffre record de 17 milliards d'euros, grâce aux premiers contrats de vente du chasseur Rafale au Qatar et à l'Égypte, avant de s'établir à 14 milliards d'euros en 2016, dopés par l'achat par l'Inde de 36 avions de combat français fabriqués par le groupe Dassault.
Certains contrats signés l'an dernier entrent en vigueur en 2018. "L'année 2017 s'est inscrite dans un cadre plus contraint", explique le ministère dans son rapport, en évoquant "l'attentisme" provoqué l'an dernier par l'élection présidentielle française, ainsi que "le ralentissement économique qui a touché la plupart des pays producteurs de pétrole" et "entraîné le report de certains projets d'acquisition de systèmes d'armement". En outre, fait valoir Paris, certains contrats majeurs signés en 2017 (dont l'acquisition par le Qatar de 12 Rafale supplémentaires) ne sont entrés en vigueur qu'en 2018.
Plus de 60 % des exportations concernent le Proche et le Moyen-Orient. Le Proche et Moyen-Orient ont représenté en 2017 un peu plus de 60% des exportations d'armement français (3,9 milliards), note le rapport. La zone Asie-Pacifique pèse 17% des commandes, suivie par l'Europe puis le continent américain, selon le ministère des Armées. "Cette stratégie d'exportation (...) s'est faite dans le strict respect des engagements internationaux de la France, encadré par un dispositif de contrôle des exportations très rigoureux", assure le ministère, alors que Paris est accusé par plusieurs ONG de fournir à l'Arabie Saoudite et les Émirats Arabes Unis des armes soupçonnées d'être utilisées au Yémen.
Des armes françaises utilisées dans la répression du peuple égyptien ? Depuis l'intervention en mars 2015 de la coalition sous commandement saoudien au Yémen, visant à chasser les rebelles houthis, le conflit a fait près de 10.000 morts et provoqué "la pire crise humanitaire au monde", avec des millions de personnes au bord de la famine, selon l'ONU. Quatre associations de défense des droits de l'homme dénoncent par ailleurs lundi dans un rapport la livraison à l'Egypte depuis cinq ans d'armes, de machines et de systèmes de surveillance français que le régime du président al-Sissi utilise pour "écraser le peuple égyptien". Les États-Unis sont le numéro un mondial des exportations d'armement suivis de la Russie et de la France.