La nuit de mercredi à jeudi a dû être angoissante pour les salariés d'Ascoval. Le tribunal de Strasbourg doit trancher jeudi l'avenir des 270 salariés de l'aciérie de Saint-Saulve dans le Nord, épuisés par quatre années de rebondissements. Le 27 mars, les magistrats strasbourgeois avaient accordé un énième délai, un mois après le désistement surprise du groupe franco-belge Altifort. Cet épisode avait été vécu comme une douche froide par les salariés, désormais au nombre de 270 après une dizaine de démissions et de départs en retraite.
Le 24 avril, le tribunal de Strasbourg a donc examiné quatre nouvelles offres : le sidérurgiste britannique British Steel, mais aussi le fabricant italien d'aciers spéciaux Calvi Networks, le fonds SecuFund Industry et l'industriel régional Pascal Cochez.
Calvi Networks, dont le projet était également jugé solide, a retiré son offre dès le début de l'audience, faute d'avoir bouclé son plan de financement. Quant au fonds SecuFund Industry et à Pascal Cochez, ils ont été jugés peu crédibles par les acteurs du dossier. S'ils demeurent officiellement en lice, British Steel, deuxième groupe sidérurgique au Royaume-Uni, est "le seul projet sérieux", avait souligné Me Guilhem Brémond, avocat d'Ascoval, à l'issue des débats.
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"C'est un feuilleton violent"
Pour beaucoup de salariés, c'est l'audience de trop. Après le désistement d'Altifort au mois de mars, ils espèrent enfin être fixés sur leur sort. Si le dossier de l'entreprise British Steel semble le plus solide, avec la reprise de l'ensemble du personnel, le délégué CFDT Bruno Kopczynski n'exclut pas une liquidation. "Ça commence à ressembler un peu à Dallas. C'est un feuilleton violent. La dernière descente à pic, c'est l'audience de mercredi dernier. On a du mal à s'en remettre", confie-t-il à Europe 1. "Finalement, il y a des clauses suspensives gênantes. Aujourd'hui, c'est clair dans nos têtes à tous que le couperet tombera dans un sens ou dans l'autre."
Quelque soit l'issue de l'audience, les salariés ont créé une association, "Des hommes d'acier", pour attaquer Vallourec. Le président, Marcel Dewaume, accuse l'ancienne maison-mère d'avoir abandonné l'usine en 2014 : "Depuis 2014, on a mangé. Il y a de la pression dans l'usine. Il n'y a plus beaucoup de monde qui a le moral. Certaines personnes sont quasiment en dépression. Vallourec y est pour beaucoup. Ils ont gagné de l'argent grâce aux heures qu'on a faites ici. Du jour au lendemain, ils ne font pas un geste. Ils nous ont abandonnés."
"Même si la décision va en faveur de British Steel, le personnel restera prudent"
En cas de reprise, la société choisie devra repartir de zéro. Le carnet de commandes est vide et il faudra redonner confiance à des salariés au chômage technique au moins jusqu'au 13 mai. Selon un salarié proche de la direction, "même si la décision va en faveur de British Steel, le personnel restera prudent".