La crise des "gilets jaunes" plombe l'espoir d'un retour à l'équilibre des comptes de la Sécu en 2019
Alors que les comptes devaient revenir dans le vert cette année, les mesures d'urgence prises pour répondre à la crise des "gilets jaunes" ont creusé le déficit de la Sécurité sociale.
Après le projet de loi de finances vendredi, le gouvernement présente un autre gros dossier ce lundi : le projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS). Il y a un an, très fière, la ministre de la Santé Agnès Buzyn annonçait un retour dans le vert des comptes de la Sécu en 2019, après 17 années consécutives de déficit. Finalement, le PLFSS sera bien plus serré. Entre temps, la crise des "gilets jaunes" est passée par là.
5,4 milliards de déficit en 2019
Un certain nombre de mesures d'urgences, annoncées fin 2018 pour répondre à ce mouvement social, ont en effet plombé les comptes, privant la Sécu d'importantes recettes. L'exonération sociale des heures supplémentaires à compter du 1er janvier 2020 par exemple, a représenté 1,2 milliard d'euros en moins dans les caisses. L'annulation de la hausse de la CSG pour les retraités les plus modestes, c'est 1,5 milliard de manque à gagner. En outre, la croissance économique s'est montrée moins alerte que prévu cette année, avec comme conséquence moins de rentrées de cotisations sociales.
Au lieu de terminer en excédent, la Sécurité sociale va donc replonger en 2019 : 5,4 milliards de déficit. L'an prochain, la croissance risque de ne pas être meilleure, ce qui ne peut laisser espérer un retour dans le vert qu'à l'horizon 2023.
La réforme des retraites (encore plus) compliquée
Cela se double d'une autre mauvaise nouvelle : ce déficit complique sérieusement l'équation pour la réforme des retraites qui se prépare. En effet, depuis le début, le gouvernement s'en défend : ce n'est pas une réforme pour rétablir les comptes mais pour remettre de la justice dans le système. Et les syndicats, de leur côté, minimisent la dérive du déficit. Avant les mesures "gilets jaunes", les comptes de la branche retraite tendaient vers l'équilibre. Ce n'est désormais plus le cas.
Il va donc peut-être falloir remettre sur le tapis la question qui fâche : sans augmentation de la durée d'activité des salariés sensiblement au-delà de 62 ans, les comptes de l'assurance-retraite vont rester dans le rouge. Réformer le système des retraites pour passer à un régime universel à point n'était déjà pas simple. Le faire tout en prenant des mesures pour éliminer le déficit l'est encore moins.