L'Union européenne a confirmé mardi sa volonté de surtaxer pendant cinq ans les voitures électriques provenant de Chine, y compris les Tesla à un taux réduit, tout en restant "ouverte" à une solution négociée avec Pékin. Bruxelles va ajouter aux 10% de taxe déjà en place une surtaxe, allant jusqu'à 36%, à l'encontre des importations de véhicules électriques chinois. Le fabricant américain Tesla, qui a ses propres usines en Chine, a obtenu de son côté un taux "individuel" d'un montant de 9%, nettement moins élevé en raison du niveau moindre de subventions reçues par la marque créée par le milliardaire américain Elon Musk, a précisé Bruxelles.
L'essentiel de l'aide fournie par Pékin, pour la production locale des modèles Y et 3, réside dans la fourniture de batteries à un coût inférieur au marché, a expliqué un responsable européen. Ces droits de douane s'appliqueront d'ici fin octobre pendant cinq ans, sous réserve de l'aval des 27, divisés sur le sujet. Ils remplaceront alors des taxes provisoires décidées début juillet, et allant jusqu'à 38%, a précisé la Commission dans un communiqué.
"Les effets négatifs de cette décision l'emportent sur les avantages possibles"
Si la France et l'Espagne poussaient activement pour des mesures proportionnées, l'Allemagne, très engagée en Chine, bataillait au contraire avec la Suède et la Hongrie pour éviter des sanctions, craignant des représailles de Pékin. Berlin est particulièrement réticent, en raison du poids en Chine de son industrie automobile. Les constructeurs Audi, BMW, Mercedes et Volkswagen réalisent près de 40% de leurs ventes mondiales en Chine. "Les effets négatifs de cette décision l'emportent sur les avantages possibles", avait déploré Volkswagen en juillet au moment de l'imposition de taxes provisoires.
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La Chambre de commerce chinoise dans l'UE a averti dès mardi des conséquences "négatives" sur les relations entre Pékin et Bruxelles, fustigeant un "protectionisme" déguisé. "La Chambre de commerce exprime son profond mécontentement et sa ferme opposition à l'approche protectionniste de la Commission européenne", a-t-elle assuré dans un communiqué, avertissant aussi du danger d'"exacerbation des tensions commerciales entre l'UE et la Chine".
La Chine a déjà annoncé mi-juin une enquête antidumping sur les importations de porc européen, après une enquête lancée en janvier sur les eaux-de-vie de vin de l'UE (dont le cognac). Vins, produits laitiers et voitures à grosses cylindrées seraient aussi dans son viseur, selon la presse chinoise. Cette nouvelle passe d'armes s'inscrit dans les tensions commerciales grandissantes entre les Occidentaux et la Chine, également accusée de détruire la concurrence dans d'autres secteurs : éoliennes, panneaux solaires, batteries...
L'UE espère ainsi protéger 14,6 millions de salariés
L'UE espère ainsi protéger une filière automobile qui emploie 14,6 millions de salariés dans l'UE tout en évitant un conflit mortifère avec son deuxième partenaire économique derrière les États-Unis. Ces derniers avaient de leur côté annoncé mi-mai imposer des droits de douane de 100%, contre 25% précédemment. Bruxelles se dit d'ailleurs "ouvert" à toute autre solution émanant de Pékin, qui soit conforme aux règles de l'Organisation mondiale du commerce (OMC), que la Chine a d'ailleurs saisie en juillet.
"Nous considérons que c'est vraiment à la Chine de trouver une alternative" aux surtaxes, a indiqué un responsable européen. Championne des moteurs essence et diesel, l'industrie automobile européenne craint de voir ses usines disparaître si elle échoue à endiguer la déferlante annoncée des modèles électriques chinois. Pékin a pris de l'avance en investissant de longue date dans les batteries. Dans l'UE, le marché est en plein essor avant l'interdiction en 2035 des ventes de véhicules neufs à moteur thermique : or les véhicules électriques chinois représentent 22% du marché européen, contre 3% il y a trois ans, selon les estimations du secteur. Les marques chinoises occupent 8% de parts de marché.
La Commission a également annoncé qu'elle ne collecterait pas les taxes provisoires entrées pourtant en vigueur le 5 juillet. Elles continueront à être versées, mais resteront bloquées sur un compte bancaire avant d'être restituées. Les nouvelles taxes concernent la plupart des constructeurs chinois. Bruxelles imposera des surtaxes de 17% au fabricant chinois BYD, au lieu des 17,4% prévus par la taxe provisoire décidée le mois dernier, de 19,3% à Geely, contre 19,9%, et de 36,3% à SAIC contre 37,6% en juillet. Les autres constructeurs seront soumis à un droit supplémentaire moyen de 21,3%, contre 20,8% décidés en juillet, s'ils ont coopéré à l'enquête ou de 36,3% (37,6%), dans le cas contraire. Ces modifications ont été décidées après un dialogue avec les entreprises concernées et la prise en compte de certaines de leurs demandes, a précisé le responsable européen.