12 banques sont dans la ligne de mire de l'UFC-Que choisir. Après avoir reçu un faux appel de sa banque, Sarah Dembele a perdu plus de 2.500 euros, que sa banque refuse de rembourser sous prétexte que c'est elle qui a validé l'opération. Une justification irrecevable pour l'association de consommateurs UFC-Que Choisir qui a porté plainte contre 12 établissements bancaires pour "pratiques commerciales trompeuses".
Un faux conseiller bancaire au téléphone
L'escroc "avait toutes les infos", raconte à l'AFP Sarah Dembele, experte en données âgée de 28 ans. Pendant sa conversation téléphonique, où son correspondant l'invite à valider des transactions frauduleuses, sous prétexte de pouvoir rechercher les responsables, elle reçoit même un SMS dont le nom d'expéditeur est celui de sa banque. "Dès que j'ai coupé, j'ai compris qu'il y avait quelque chose de bizarre", se remémore-t-elle. Sa banque refuse de lui rembourser la somme perçue, lui rejetant la responsabilité. Pour étaler ses pertes, l'établissement lui a proposé un crédit équivalent à la somme envolée.
Ces situations sont très nombreuses, selon UFC-Que Choisir, qui a annoncé mardi avoir saisi la justice contre 12 établissements bancaires qu'elle accuse de refuser de rembourser leurs clients victimes de fraudes. Dans sa plainte pour "pratiques commerciales trompeuses", UFC-Que Choisir vise La Banque postale, Crédit agricole, Banque populaire, BNP Paribas, Société générale, CIC, LCL, Boursorama, ING, Nickel, Cetelem et Floa Banque.
4.300 signalements analysés
Selon l'association, qui a analysé 4.300 signalements pour refus de remboursement, dont 60% concernent un préjudice supérieur à 4.000 euros et pouvant aller jusqu'à plusieurs dizaines de milliers d'euros, les banques font croire aux consommateurs "qu'ils n'ont aucun droit au remboursement" et "les dupent sur l'étendue de leurs droits".
Selon Mathieu Robin de l'UFC-Que Choisir, les banques dupent leurs clients en leur faisant croire qu'ils sont fautifs : "Ce que l'on constate, c'est que les banques usent de pratiques commerciales trompeuses et de façon industrielle pour ne pas rembourser les consommateurs en les induisant en erreur. On va accuser le consommateur de négligence sans en apporter la preuve. La réglementation est très claire, elle dit que le consommateur qui est victime d'une fraude doit être remboursé systématiquement et immédiatement, sauf négligence de sa part."
D'autres banques tentent de se justifier en indiquant que leur assurance refuse toute prise en charge, ce qui n'est pas un motif valable, dénonce UFC-Que Choisir dans un communiqué. Pour Raphaël Bartlomé, responsable du service juridique d'UFC-Que Choisir, les réponses des banques montrent "une industrialisation du traitement", en infraction avec le Code monétaire et financier qui circonscrit les critères de refus de remboursement. "La banque doit démontrer en quoi (les clients) ont été négligents, un par un", estime-t-il.
Les fraudes bancaires en forte hausse
En cas de fraude, et si votre banque refuse de vous rembourser, sachez que vous pouvez lui réclamer la preuve de votre négligence. Les fraudes bancaires sont en très forte hausse depuis dix ans : elles ont doublé et cela représente 1,3 milliard d'euros prélevés chaque année frauduleusement sur les comptes en banque. Chaque année, plus d'un million de Français en est victime.