Emmanuel Macron a décidé d'abandonner le projet Europacity, mégacomplexe de loisirs et commerces au nord de Paris, qu'il juge "daté et dépassé". Il préfère "réfléchir à un projet alternatif plus vaste que le triangle de Gonesse", a annoncé jeudi l'Élysée.
Écologistes, gauche et membres de la majorité ont salué l'annonce, certains appelant toutefois à rester vigilants face à l'artificialisation des terres dans cette zone du Val-d'Oise à 15 km au nord de Paris. L'annonce intervient alors que se tient jeudi après-midi un troisième Conseil de défense écologique. Lors du premier Conseil de défense écologique en mai, l'exécutif avait annoncé l'abandon du projet minier Montagne d'or en Guyane.
Un projet sans précédent depuis Disneyland Paris
Le projet Europacity, prévu sur 430.000 m2 pour 3,1 milliards d'euros, était un projet à l'ampleur sans précédent en France depuis Disneyland Paris : il visait à implanter d'ici à 2027 un grand complexe de commerces et de loisirs dans le Val-d'Oise, à quelques dizaines de kilomètres de Paris. Le projet était largement soutenu par les élus locaux mais suscitait depuis des années une opposition multiforme, allant d'organisations écologistes à des associations de commerçants. Ces contestations ont régulièrement été portées devant la justice administrative, parfois avec succès, ralentissant la réalisation du projet.
"Le président de la République a décidé de ne pas poursuivre le projet Europacity", a indiqué l'Élysée à l'AFP, confirmant une information du journal Le Monde. Le chef de l'État estime qu'il "ne correspond plus aux aspirations de nos concitoyens". "Plus question de créer un grand pôle de commerces et de loisirs où viendraient des consommateurs de toute l’Île-de-France qui repartent ensuite, créant un pic de consommation et de mobilité, au détriment des commerces alentours", a expliqué l'Élysée. A la place d'"un seul gros projet", le chef de l'État souhaite, sur une superficie plus étendue, "plusieurs projets coordonnés". Ce "projet alternatif" "sera plus mixte, plus moderne, sans créer un pôle démesuré de consommation, de loisirs et d'objets".
"L'idée n'est plus un centre commercial et de loisirs mais un morceau de ville, qui donne envie", résume l'Élysée, avec du commerce diversifié, "du résidentiel, du logement, une partie d'activité agricole, peut-être de la petite industrie, du circuit court, pourquoi pas du loisir, mais pas un grand pôle". Emmanuel Macron a confié "la mission à Francis Rol-Tanguy, ancien directeur de l'Atelier parisien d'urbanisme, de travailler avec les élus à l'élaboration d'un nouveau projet".
Les écologistes satisfaits
Le directeur général de Greenpeace Jean-François Julliard a salué dans un tweet "une très bonne nouvelle". "Ce projet était absurde à l'heure de la transition écologique. Il faut maintenant s'assurer de la préservation de ces terres agricoles, devenues si rares à proximité de Paris", a-t-il souligné.
Parmi les politiques, LFI, EELV et PCF ont également accueilli l'annonce avec soulagement. "Enfin! Des années de lutte, de résistance, de mobilisation et surtout de pédagogie et de construction d'un projet d'agriculture paysanne alternatif sont récompensées !", a réagi le chef de file d'EELV Yannick Jadot sur Twitter.
Enfin! Des années de lutte, de résistance, de mobilisation et surtout de pédagogie et de construction d’un projet d’agriculture paysanne alternatif sont récompensées !
— Yannick Jadot (@yjadot) November 7, 2019
Le gouvernement enterre le mégaprojet de loisir et de commerce Europacity https://t.co/2HJ5TRxZP0 via @libe
Le projet Europacity était porté par Ceetrus, foncière du groupe Auchan, et le conglomérat chinois Wanda. Une étude de la Commission nationale du débat public (CNDP) estimait en 2016, en chiffres bruts, à plus de 10.000 les emplois à pourvoir lors de la phase d'exploitation, plus quelque 3.300 par an pendant la construction des infrastructures commerciales, culturelles et de loisirs. La présidence ne s'est pas avancée sur le nombre d'emplois qu'un projet "alternatif" pourrait générer. Elle a simplement précisé qu'il devrait amener à repenser l'ensemble du projet de la ZAC (zone d'aménagement concerté) de Gonesse.