Le patron du premier distributeur français Michel-Edouard Leclerc table sur une inflation "structurelle" dans les prochaines années, même si la hausse des prix sera "moins violente" que ces deux dernières années, a-t-il affirmé samedi dans une interview à Ouest-France. "L'inflation sera moins violente", répond le président du comité stratégique des centres E. Leclerc quand on lui demande si les hausses de prix constatées depuis 2022 sont "derrière nous".
Selon les derniers chiffres de l'Insee, qui doivent être confirmés vendredi, l'inflation a atteint en février 2,9% sur un an en France, refluant sous 3% pour la première fois depuis deux ans. "Sauf événement exceptionnel, les prix dans les hypermarchés devraient se situer dans une fourchette de hausse comprise entre 2 et 3%" en 2024, affirme Michel-Édouard Leclerc, confirmant ses précédentes estimations.
"Nous entrons dans un cycle d'inflation décennale"
"On peut compter sur des baisses substantielles sur le non alimentaire importé. L'Asie est à la recherche de croissance à l'extérieur de ses frontières. Elle a besoin de vendre et pour cela est prête à baisser ses tarifs", détaille Michel-Edouard Leclerc. Quant aux articles alimentaires, "les produits à base de café et de chocolat vont baisser. Ce sera aussi le cas pour les produits à base de céréales. Pour le sucre, il faudra attendre encore un peu", développe-t-il.
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L'inflation "ne disparaîtra pas pour autant, (...) nous entrons dans un cycle d'inflation décennale", nuance cependant Michel-Édouard Leclerc. "Nous allons devoir (...) financer la transition énergétique. Produire de façon plus vertueuse va coûter plus cher", poursuit-il. "Il va falloir amortir des investissements plus lourds, plus décarbonés sur des marchés plus restreints", ce qui fait dire à Michel-Edouard Leclerc qu'"une inflation structurelle va s'installer."
Dès la fin du mois de novembre, le ministre de l'Économie et des Finances Bruno Le Maire avait assuré que l'inflation était "vaincue". "Il anticipe", avait rétorqué Michel-Édouard Leclerc quelques jours plus tard. Alors que le recours du distributeur à des centrales d'achat à l'étranger est critiqué, son patron se dit samedi "favorable à la préférence française sans être pour la fermeture des frontières", avant d'énumérer les produits d'origine française vendus dans ses magasins.