Négociations commerciales : "La distribution veut profiter de cette dernière année d'open-bar"

Richard Girardot, PDG de Nestlé France 1280
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R.Da. , modifié à
Pour le PDG de Nestlé, interviewé mercredi par Europe 1, les engagements pris à l'issue des états généraux de l'alimentation sur les tarifs de vente, en attendant l'arrivée d'une législation spécifique, sont loin d'être respectés.
INTERVIEW

Des discussions musclées. Les négociations commerciales annuelles entre distributeurs et industriels, qui fixent les prix pour l'année, s'achèvent le 1er mars. "Elles se passent mal, comme se sont déroulées les négociations ces quatre dernières années", souffle mercredi, au micro d'Europe 1, Richard Girardot, le PDG de Nestlé France. "Ça va se terminer comme tous les ans, en signant dans les boxes à une ou deux heures du matin. Qui va gagner ? La grande distribution, comme d'habitude", déplore-t-il.

La menace d'une nouvelle législation. Pour ce responsable, le projet de loi sur l'alimentation, qui veut mieux encadrer les pratiques de la grande distribution notamment en relevant le seuil de vente à perte, pousse cette dernière à de nombreux excès. "La distribution s'attend à des ordonnances et à une nouvelle loi, elle veut donc profiter de cette dernière année d'open-bar pour elle".

Le "bal des hypocrites". Pour Richard Girardot, les états généraux de l'alimentation, qui se sont terminés fin décembre, sont loin d'avoir permis d'assainir les rapports entre producteurs et distributeurs, malgré les déclarations d'intention. "Les états généraux de l'alimentation ont été le fruit d'une volonté présidentielle remarquable et attendue, il fallait ces états généraux de l'alimentation, certains ateliers ont très bien fonctionné, dans un bon esprit avec les partenaires, mais pour tout ce qui concernait les relations industrie/commerce : non", souligne-t-il.

Il fustige ainsi "un bal des hypocrites où tout le monde a signé une charte [engageant à fixer plus justement le prix de vente, ndlr], mais que personne ne respecte depuis". Et ce patron de citer en exemple Intermarché et sa promotion polémique sur le Nutella. Ce distributeur ayant vendu au-delà des limites fixées, Nestlé "l'assigne auprès du tribunal", explique Richard Girardot.

"En France, Nestlé se porte mal". Il l'assure, les tarifs pratiqués par certains revendeurs sont tels qu'ils arrivent à ébranler la bonne santé d'un géant industriel comme Nestlé, pourtant premier fournisseur de produits alimentaires en France. "Au niveau international le groupe se porte bien, en France, il se porte mal, c'est clair. Certains indices d'ordre social le mette en avant", indique Richard Girardot.