celio 1:30
  • Copié
Elise Denjean, édité par Romain David
Les procédures de redressement se multiplient depuis quelques semaines pour des marques de prêt-à-porter grand public, qui semblent ainsi ne pas devoir résister à la crise déclenchée par le Covid-19. Toutefois, le grand nombre d'enseignes concernées trahit également la fragilité structurelle d'un marché qui compte trop d'acteurs par rapport à sa taille.
DÉCRYPTAGE

Après Naf Naf, Camaïeu, André ou encore La Halle, la marque Celio est à son tour emportée par la crise. L'enseigne de prêt-à-porter masculin a demandé lundi son placement en procédure de sauvegarde. La liste des entreprises textiles en difficulté s'allonge un peu plus chaque jour. Mais si toutes se disent victimes du coronavirus, la réalité semble plus nuancée.

"Le coronavirus a bon dos." Voilà ce que l’on entend assez régulièrement chez les syndicats d'entreprises en difficulté. Car si les enseignes de l'habillement enchaînent les déboires depuis plusieurs mois – "gilets jaunes", grèves, crise sanitaire déclenchée par le Covid-19... -, elles sont aussi victimes d’une tendance de fond.

La santé fragile du secteur

En un peu plus de dix ans, les ventes d'habillement ont chuté de 15%. En cause : l'essor de la vente en ligne, la concurrence du marché de l'occasion et l'arrivée de mastodontes, comme l'Irlandais Primark. Mais un autre facteur est également à prendre en considération : l'étalement du marché. "C'est l’un des marchés les moins concentrés au monde. Le leader, Kiabi, ne pèse que 4% des ventes en chiffre d’affaires, alors que sur la plupart des marchés grand public, le leader pèse tout de suite 15 à 20%", pointe Yves Marin, spécialiste de la distribution.

"Donc c'est un marché en cours d'écrémage, puisqu’il y a trop d'acteurs, aussi bien en France qu’au niveau mondial", poursuit cet économiste. "Les barrières à l'entrée sont assez faibles, et malheureusement, il y a trop de gens aujourd’hui comparativement à la taille du marché." Le virus est donc surtout l'accélérateur d'une tendance déjà bien ancrée. Yves Marin parle même d’une "sélection darwinienne", qui se serait produite avec ou sans le coronavirus.