Nouveaux droits de douane sur les voitures électriques produites en Chine : quels sont les modèles concernés ?

La BYD Seal fait partie des modèles concernés par ces nouveaux droits de douane.
La BYD Seal fait partie des modèles concernés par ces nouveaux droits de douane. © GARRY LOTULUNG / NURPHOTO / NURPHOTO VIA AFP
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Romain Rouillard / Crédit photo : GARRY LOTULUNG / NURPHOTO / NURPHOTO VIA AFP
Depuis jeudi, et à titre conservatoire, l'Union européenne va faire entrer en vigueur une mesure prévoyant l'instauration de droits de douane supplémentaires pour les voitures électriques produites en Chine. Une nouvelle taxe visant les constructeurs chinois implantés en Europe, mais aussi certains fabricants européens qui délocalisent leur production.

L'UE serre la vis. Afin de lutter contre une concurrence jugée déloyale sur le marché des voitures électriques, la Commission européenne a confirmé le 12 juin dernier l'instauration de droits de douane spécifiques visant les voitures électriques produites en Chine. Des taxes supplémentaires qui s'imposent aux constructeurs concernés dès ce jeudi, à titre conservatoire. 

Pour motiver cette décision, la Commission s'appuie sur une enquête lancée en 2023 qui révèle comment ces constructeurs présents en Chine ont pu bénéficier d'un large régime de subvention de la part du gouvernement. Une forme de dumping qui, selon Bruxelles, pénalise les constructeurs domestiques qui ne peuvent profiter d'un tel coup de pouce. D'autant que, selon le centre de réflexion américain The Atlantic Council, près de 40% des exportations de véhicules électriques chinois ont pris la direction de l'Union européenne

Des surtaxes allant de 17% à 38%

Pour prendre la mesure du phénomène, la Commission européenne a donc procédé à l'envoi d'un questionnaire à destination des fabricants concernés. L'objectif étant d'échanger le plus d'informations possibles entre ces constructeurs, la commission et le gouvernement chinois. En fonction du niveau de coopération et de la transparence desdits constructeurs, Bruxelles a donc appliqué une surtaxe allant de 17% à 38%, la sanction la plus faible étant dirigée contre BYD et la plus élevée contre MG, ancien fabricant britannique, passé depuis sous pavillon chinois. Pour les autres, un droit moyen de 21% prévaut. 

Ainsi, l'ensemble des modèles de BYD et de MG, notamment la MG4, qui a connu un franc succès en France, vont devoir s'acquitter de cette nouvelle taxe. Le dernier modèle cité, dont le prix de départ s'affiche actuellement à moins 25.000 euros, risque de perdre l'atout économique dont il pouvait se targuer devant la Renault Mégane e-Tech, sa concurrente européenne vendue plus cher. On peut également citer les modèles U5 et U6 d'Aiways ou encore les plus confidentiels Seres 3, un petit crossover urbain, et Xpeng G9, un grand SUV dont le prix débute à 59.990 euros. 

Mais le coup de semonce n'épargne guère les constructeurs occidentaux qui, pour certains, produisent un ou plusieurs modèles en Chine. C'est le cas de BMW avec son iX3 mais aussi de tous les fabricants appartenant au groupe chinois Geely. Dans le cadre d'une coentreprise avec Mercedes-Benz, il produit les nouvelles Smart #1 et #3, deux SUV 100% électrique qui n'ont plus grand-chose à voir avec la célèbre micro citadine de la marque. Au sein du groupe figure également Lotus dont le SUV Eletre et la berline Emeya sont produits en Chine. Le Suédois Volvo devra également s'y plier pour son SUV EX30, même si la production de ce modèle doit prochainement être réacheminée en Belgique. 

La Dacia Spring, grande perdante de ces nouvelles taxes

La petite Dacia Spring, numéro 2 des ventes de voitures électriques en France, mais privée de bonus écologique en raison précisément de son lieu de production, est, elle aussi, concernée. Son prix de départ, inférieur à 20.000 euros pourrait être revu à la hausse. Enfin, Tesla, qui possède une grande usine à Grünheide, en Allemagne, continue d'assembler sa Model 3 en Chine et ne va donc pas échapper aux nouveaux droits de douane. Les Mini Cooper E, Cooper SE, Aceman E et Aceman SE, la Honda e:Ny1 et la Cupra Tavascan font également partie de la liste. 

Reste désormais à déterminer comment ces taxes se répercuteront sur le prix de vente. "Ces droits s'appliquent sur le prix à l'import. Le levier est donc encore plus important puisque entre le prix à l'import et le prix TTC, il y a toute la partie marge de distribution qui aujourd'hui oscillait entre 25% et 35% du prix du véhicule. Là où les acteurs chinois pouvaient faire des marges opérationnelles assez attractives en France tout en restant compétitifs, ils vont devoir, pour certains, augmenter leurs tarifs. Ces droits de douane leur cassent leur modèle économique en Europe", expose Renaud Kayanakis, expert automobile chez Sia Partners. 

Quelles augmentations ?

Deux solutions s'offriront alors aux constructeurs concernés. "Soit les Chinois vendent à prix coûtant pour continuer à noyauter le marché, ce qui est possible, soit ils augmentent leur prix TTC et prennent le risque d'avoir des clients qui auront le choix entre une Renault 5 ou une BYD pour le même prix", décrypte Renaud Kayanakis. Selon un calcul opéré par le média spécialisé L'Argus, la Dacia Spring verrait son tarif augmenter de près de 4.000 euros dans le cas où le constructeur répercuterait l'intégralité de ces nouveaux droits de douane.

Ce jeudi, la Chambre de commerce chinoise dans l'UE a dénoncé une "mesure protectionniste" motivée par "des facteurs politiques". Ces dernières semaines, Pekin n'a pas hésité à agiter le spectre de possibles représailles. "Il faut bien comprendre que si vous coupez le marché européen aux Chinois, ce n'est pas grave dans la mesure où ils ont un marché domestique à arroser. Ce qui n'est pas le cas des constructeurs allemands. Si vous leur supprimez le marché chinois, c'est un gros marché qui s'envole", conclut Renaud Kayanakis. Une décision définitive sera prise courant novembre.